Université de Franche-Comté

E-maintenance et e-manufacturing

L'Institut de Productique est engagé depuis 1999 dans l'étude des mutations de l'entreprise, générées par les nouvelles technologies de l'information et de la communication, et plus précisément dans les recherches en e-maintenance et e-manufacturing. À ce titre, il participe au groupe de travail MACOD ― Modélisation et optimisation de la maintenance coopérative distribuée ― réseau français de laboratoires de recherche du CNRS. La mission, co-organisée par le CNRS, a étudié au Japon les laboratoires et entreprises ¶uvrant dans ce domaine, pour aider le groupe de travail à se positionner scientifiquement dans le paysage international. Elle s'est donné comme but de s'informer des avancées au Japon en la matière, d'évaluer la réalité des applications industrielles, de trouver et initier des collaborations entre les laboratoires japonais et le MACOD et d'inviter les équipes de recherche japonaises à rejoindre le réseau international IMS ― Intelligent Maintenance Systems. Plusieurs sites ont accueilli la mission, les plus pertinents ont été sélectionnés ici. Le département of Mechanical Systems Engineering de la Graduate School of Engineering (Hokkaido University, Sapporo) s'intéresse essentiellement à la modélisation et à la normalisation de l'information, ainsi qu'au partage de l'information distribuée pour la conception des produits et systèmes. Les problèmes de simulation et contrôle distribués, dans une approche de décision collaborative fondée sur le partage de l'information, font également partie de leurs préoccupations. L'équipe, dans ces deux domaines, travaille sur des projets en collaboration avec des industriels européens et japonais. La plate-forme expérimentale de e-learning collaborative, développée par la Graduate School of Engineering (Tokyo Metropolitan Institute of Technology), constitue un exemple concret de mise en ¶uvre de TIC de contrôle à distance en réalité virtuelle. Les solutions envisagées peuvent servir au niveau des plates-formes expérimentales de MACOD. Par ailleurs, des travaux menés sont en étroite liaison avec les problématiques de recherche du groupe de travail (diagnostic fonctionnel et maintenance, méthodes séquentielles de diagnostic, approche collaborative de la décision en maintenance…). L'équipe Production and Systems de la Graduate School of Information, Production and System (Waseda University) travaille sur deux problématiques : la programmation spatiale fondée sur le concept de réalité augmentée et le diagnostic à distance de systèmes distribués à base d'agents logiciels. Elle est la seule, avec l'Institut of Environmental Studies de l'université de Tokyo à étudier la gestion de systèmes distribués. Des applications sont visées, notamment à travers un projet industriel : Development of New Maintenance Technologies and Web based Services, Construction of a Virtual Community for Next Generation Maintenance. Sa finalité, en collaboration avec la compagnie d'électricité ASAKI, est la capitalisation de l'expertise en diagnostic et maintenance face aux évolutions démographiques des entreprises. Ce projet, baptisé eMainte.com, ainsi que les problématiques de diagnostic à distance de systèmes distribués à base d'agents logiciels, relèvent de thématiques abordées dans MACOD. Si les activités de l'entreprise MITSUBISHI ELECTRIC CORPORATION, NAGOYA WORKS, concernent essentiellement la conception de composants pour l'automatisation de systèmes industriels, elle développe également des solutions de gestion technique des installations automatisées. Une plate-forme réelle (cellule flexible de production), gérée par e-f@actory et qui prend en charge certaines fonctions de gestion de maintenance, a donc été visitée. Observation générale et conclusion Les activités de recherche au Japon sont généralement initiées pour trouver des solutions pragmatiques aux problèmes de la vie sociale, industrielle… Elle semble souffrir d'un manque de formalisation claire des problématiques scientifiques. S'il existe effectivement des collaborations entre les universités et industries, elles sont généralement subventionnées par l'État à travers la structure CLUSTER ― Cooperative Link of Unique Science and Technology for Education Revitalization. Par contre, l'essentiel du financement des laboratoires provient soit du JSPS ― Japan Society for Promotion of Science ―, soit du MEXT ― Ministry of Education, Culture, Sports, Science and Technology. La recherche technologique et appliquée est surtout soutenue par les institutions industrielles de recherche. Il existe peu de contrats de recherche université/industrie, sauf dans les universités privées comme Waseda. La formation par la recherche au Japon semble se faire en petites équipes autonomes, à l'instar des USA. En dehors d'associations corporatistes d'ingénieurs, il n'existe pas de groupe structuré de recherche en maintenance. Par contre, le sujet semble constituer actuellement un enjeu national pour les industriels et l'État, en particulier en ce qui concerne la capitalisation des connaissances expertes en diagnostic et maintenance face au problème d'évolution démographique dans les industries.

 

Noureddine Zerhouni
Tél. 03 81 40 28 05
noureddine.zerhouni@ens2m.fr

 

 

retour