Partant des dossiers administratifs personnels d’enseignants du primaire dans le Doubs, cet ouvrage raconte de façon vivante et avec une originalité certaine le mythe de l’instituteur de Jules Ferry. Rapports d’inspection, correspondances officielles, lettres de dénonciation, carnets de dépenses des ménages… des documents de tout acabit permettent de rendre compte de ce que signifiait être instituteur ou institutrice à l’école primaire dans le Doubs sous la Troisième République. La recherche menée sur des cohortes décennales de 1870 à 1914 fait apparaître à partir des années 1880 une nouvelle génération d’enseignants, en rupture avec l’image du maître d’école prévalant jusqu’alors.
Une étude émaillée d’anecdotes parfois croustillantes, de récits étonnants voire douloureux. Ici l’on apprend que la receveuse de la poste du village, importunée par le bruit, fait interdire la toute nouvelle récréation ; là on perçoit les difficultés financières d’instituteurs au traitement trop modique pour élever leurs enfants décemment ; ailleurs encore on voit comment on répond à la proposition de simplifier l’orthographe et la syntaxe… Ces quelques exemples volés au fil des pages témoignent de l’étendue de la recherche et de la richesse de cet ouvrage écrit par Jacques Gavoille, historien et maître de conférences honoraire à l’université de Franche-Comté.
Gavoille J., Du maître d’école à l’instituteur, PUFC, 2010.
