Le champ des croisades morales est immense à la fin du XIXe siècle : luttes contre labsinthe, la pornographie, la prostitution, la jeunesse délinquante, le crime, la dépopulation, la dégénérescence, linfanticide… La perception de lintensité de cette crise fin de siècle Ÿ suscite un certain nombre de discours angoissés. Comment et au nom de quelle philosophie politique, juridique, sociale, ces discours apparemment éternels sur le mal et le malheur ont-ils accédé au droit républicain ? Les lois sur le sursis et la libération conditionnelle, la loi de recherche de paternité, les lois sur les tribunaux pour enfants, toutes faites par les mêmes hommes à la fin du XIXe siècle, sont présentes dans tous les esprits alors que sestompe dans le temps leur signification originelle. Doù viennent ces lois ? Quels sont leurs promoteurs ? Comment lexcès même dindignité ou de souffrance du faible Ÿ a-t-il été à lorigine de la construction des lois morales de la République ?
La République des faibles* traite de cette émergence à un moment où l'on observe le durcissement dune philosophie issue dun déterminisme biologique particulièrement violent contre le faible Ÿ.
• En fouillant les entrailles du droit républicain, ce chantier rend compte dune aspiration démocratique pour un homme doué de raison mais incapable, âme perdue ou malheureuse de la conscience républicaine dont lhistoire reste dune brûlante actualité.
* Cet ouvrage, écrit par Annie Stora Lamarre, professeur à l'université de Franche-Comté, est publié chez Armand Colin dans la collection Histoire à l'¶uvre Ÿ (2005).
Annie Stora Lamarre
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Université de Franche-Comté
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