Université de Franche-Comté

"Documents linguistiques de la Suisse romande"*, tome I

C’est en 1974, qu’à l’initiative de Jacques Monfrin, a paru le premier volume des Documents linguistiques de la France, et dix ans plus tard commençait à paraître la série des Documents linguistiques de la Belgique romane. Pour la série des Documents linguistiques de la Suisse romande, quatre volumes sont prévus, le prochain concernera le canton de Neuchâtel.

•  Le livre qui vient de paraître contient quelque A documents originaux dont le plus ancien, qui date de 1244, est aussi le plus ancien acte écrit en français en Suisse romande. Il s’agit principalement de chartes établies à l’occasion de mutations immobilières mais on y trouve aussi d’autres textes, en particulier des comptes de la bourgeoisie de Porrentruy pour l’année 1339/1à.

•  Géographiquement, ces documents concernent surtout les territoires francophones sur lesquels s’exerçait le pouvoir temporel des évêques de Bâle, territoires qui relevaient non seulement du diocèse de Bâle, mais aussi de ceux de Lausanne et de Besançon, de sorte que l’introduction de la langue française dans les actes varie selon les régions. De même, le mode d’élaboration des actes est différent selon les lieux. 

• En Ajoie et dans les territoires avoisinants aujourd’hui en France ― région qui était alors dans le diocèse de Besançon et qui fournit la quasi-totalité des documents publiés ― l’apparition des notaires de l’officialité de Besançon n’entraîne pas la disparition du recours à d’autres autorités pour l’établissement et le scellement des actes : curés, abbayes, ville de Porrentruy ; et beaucoup d’individus ont leur propre sceau. Les textes sont rédigés dans une scripta d’oïl qui montre la superposition de couches linguistiques : norme centrale, traditions graphiques de l’Est, influence du dialecte local. Cet enchevêtrement apparaît bien dans les amples index qui terminent le volume. Ils réunissent, d’une part toutes les occurrences des très nombreux noms de personnes et de lieux, et d’autre part tous les mots du lexique commun avec indication de la fréquence de leurs variantes.

•  Plusieurs des documents publiés étaient inédits et la plupart connus seulement par les très sommaires analyses données aux XIXe siècle par Joseph Trouillat. Le premier volume des Documents linguistiques de la Suisse romande ouvre donc aussi un large champ d’enquêtes aux historiens qui, comme les linguistes, pourront s’appuyer sur des textes soigneusement établis et exactement datés.

 

Rémy Scheurer
Professeur honoraire
Institut d’Histoire
Université de Neuchâtel
Tél. 41 32 718 19 35
Fax 41 32 718 17 01
arlette.bagnoud@unine.ch

 

 

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