Université de Franche-Comté

Des aires protégées par milliers

Photo Manuel – Pixabay

Pas moins de 5 923 aires protégées sont recensées en France, couvrant près de 35 % de son territoire terrestre et marin1. Parcs nationaux, parcs naturels régionaux, réserves naturelles nationales ou régionales, sites Natura 2000, réserves biologiques en forêt, arrêtés préfectoraux de protection de biotopes…, la longue liste des labellisations, quelle que soit leur nature juridique et administrative, a de quoi donner le tournis aux élus et aux citoyens qui ont bien du mal à s’y retrouver.

« Certaines communes métropolitaines peuvent compter jusqu’à onze statuts différents ! », témoigne Damien Marage, enseignant-chercheur en géographie à l’université de Franche-Comté / laboratoire ThéMA, dont les aires protégées sont le domaine d’expertise. Les surfaces se superposent et se croisent, comme les ensembles et sous-ensembles dans les problèmes de mathématiques.

Ce « millefeuille de labellisations » s’explique par la création et l’adoption de nouveaux statuts d’aires protégées au fil des années. Un héritage dont on ne peut faire abstraction mais qui se révèle parfois pesant, car sur le terrain, les contraintes se multiplient et les réglementations se heurtent. « Et les demandes de labellisation ne sont pas toujours formulées de façon éclairée, ce qui apporte encore de la complexité à la situation, relève Damien Marage. Car l’obtention d’un label suppose des actions et des logiques particulières, qui peuvent décontenancer. » Bien définir un projet et ses objectifs apparaît donc primordial pour obtenir une labellisation qui corresponde aux intentions et aux capacités de gestion des acteurs concernés.

Se concerter pour établir des règles

La gouvernance est un levier d’action à privilégier pour aider à bien vivre de multiples labellisations de territoires. Car si le droit commun s’applique dans certaines aires protégées, c’est aux instances locales qu’il appartient d’en fixer les règles d’usage. Un volant de liberté qui permet de prendre en considération les attentes, les besoins et les spécificités de terrain. Collectivités et associations, agriculteurs, chasseurs, promeneurs peuvent ainsi engager une réflexion commune, selon une approche par socio-écosystèmes qui se doit d’intégrer les premiers concernés, les êtres vivants qui peuplent ces espaces.

L’objectif ? Élaborer un document unique de gestion approuvé par tous. L’exercice n’est pas simple, et gagnera à être orchestré par des responsables et supervisé par un tiers à la neutralité incontestée, chargé d’entretenir le dialogue et la confiance entre tous les participants. Mais en donnant l’opportunité d’homogénéiser l’ensemble des règles, la démarche permet de faire abstraction des différents niveaux de labellisations et de n’avoir à considérer en réalité, sur le terrain, qu’une seule et même aire protégée.

 

1 Source : Base de données mondiales des aires protégées, 2021
Contact(s) :
Laboratoire ThéMA
Université de Franche-Comté
Damien Marage
Tél. + 33 (0)3 81 66 54 02
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