Université de Franche-Comté

De l'analyse sensorielle à la corrélation instrumentale ou comment traduire des sensations par une grandeur physique

Pour plaire, un produit doit être agréable aux sens (vue, toucher, ouïe, goût, odorat). Des méthodes doivent alors être mises en oeuvre pour pouvoir en juger. L'analyse sensorielle d'un produit fini ou, en amont, d'un matériau, décrit l'ensemble de ses propriétés dites organoleptiques, car appréhendées par les organes des sens. Les produits analysés via différentes approches, comme par exemple des notations subjectives, sont ainsi hiérarchisés. Cette classification comparative est réalisée suivant un protocole expérimental parfaitement codifié avec l'aide d'un panel de personnes formées au préalable. Le résultat attendu est associé à une expression  hédonique Ÿ en vue de répondre aux attentes des clients et d'élever le niveau de qualité perçu des produits fabriqués. Un référentiel d'études de corrélations tactiles est commercialisé sous l'appellation SENSOTACT (www.sensotact.com). Pour chaque définition sensorielle descriptive du toucher orthogonal, tangentiel ou thermique, une notation dans l'intervalle [0 – 100] est affectée à cinq matériaux de même propriété évolutive. La définition de la perception à qualifier, ainsi que le protocole expérimental à mettre en oeuvre sont précisés. Ce référentiel est utilisable pour toute application à usage finalisé et permet une hiérarchisation des produits en fonction de la propriété sensorielle recherchée.

• Pour conforter et enrichir cette analyse sensorielle, il apparaît judicieux d'y associer une évaluation objective par analyse instrumentale, complémentaire de l'approche sensorielle qui utilise l'homme comme instrument de mesure. Il est nécessaire pour cela de faire correspondre à chaque définition sensorielle une grandeur physique, mécanique, rhéologique ou physico-chimique. Au bout du compte, cette approche permet de définir et d'adapter la technique instrumentale qui traduit au mieux l'évaluation sensorielle recherchée.

• Par exemple, les notions de raideur et de nervosité de matériau de type mousse de polymère — provenant de pièces d'habitacle automobile — sont décrites par un contact orthogonal du doigt, auquel est associée la métrologie de forces active et réactive en réponse à une sollicitation imposée. Ce type de corrélation est également réalisé sur des matériaux tels que les fromages à pâte cuite (Comté, Emmental). Dans les deux exemples cités, c'est l'élasticité des matériaux qui est mesurée pour qualifier objectivement les estimations sensorielles. Le laboratoire de Microanalyses des surfaces (LMS) de l'ENSMM — école nationale supérieure de mécanique et des microtechniques — a finalisé également plusieurs approches instrumentales pour qualifier et corréler les notions sensorielles de déformabilité, d'effet mémoire, de relief, de râpeux, de collant (adhésivité), de bloquant, d'humidité superficielle, de solubilité, de brillance, de peau d'orange…

• En règle générale, une relation linéaire entre les notations sensorielles et les critères issus de la métrologie instrumentale est relevée. Parfois, des variations de type semi-logarithmique, qui font intervenir intuitivement des notions d'intervalles finis, sont observées. La corrélation sensorielle / instrumentale vient conforter l'estimation préalable obtenue par le référentiel SENSOTACT. Cette approche corrélée trouve des applications ciblées, en particulier dans l'industrie agroalimentaire, dans l'industrie des transports terrestres, l'aéronautique, la cosmétique, l'ameublement, l'industrie du sport, l'électroménager…

 

Christine Millot – Claude Roques-Carmes
Laboratoire LMS
ENSMM
Tél. 03 81 40 28 51 – Fax 03 81 40 28 52
lms-sec@ens2m.fr
cmillot@ens2m.fr

Sébastien Crochemore
Technocentre RENAULT
Tél. 01 34 95 52 43 – Fax 01 34 95 05 61
sebastien.crochemore@renault.com

 

 

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