Les Sciences humaines et sociales ne cessent de perfectionner leurs outils, méthodologies et protocoles de recherche. Produits par la recherche, ces outils sont ensuite testés et évalués par les acteurs de terrain. Leur feed-back permet en retour de les améliorer. Réciproquement, les acteurs ont tout intérêt à utiliser ces méthodes et à les voir se disséminer dans leurs pratiques quotidiennes.
• Partant de ce constat, la maison des Sciences de l'homme Claude Nicolas Ledoux (MSH) de l'université de Franche-Comté a proposé à la Commission européenne, dans le cadre du 6e PCRDT, le projet CAENTI — action de coordination du réseau européen d'intelligence territoriale —, à l'initiative de l'équipe de recherche MTI — Méthodologies et technologies de l'information —, du laboratoire ThéMA — Théoriser et modéliser pour aménager. Cette proposition a reçu une bonne évaluation scientifique (4,1 / 5) et a été proposée pour financement. Elle est actuellement en cours de négociation avant signature définitive du contrat prévue en fin d'année. Ce projet, centré sur l'intelligence territoriale, rejoint également les directives du sommet de Göteborg qui définissent les principes d'une bonne gouvernance permettant un développement durable : la participation des citoyens, l'approche globale des territoires et des communautés — caractérisée par une prise en compte équilibrée des dimensions sociale, économique, environnementale et culturelle — et le partenariat des acteurs territoriaux.
• Ainsi, la CAENTI vise, d'une part, à promouvoir la recherche comparative afin de concevoir et diffuser des outils, des méthodologies et des protocoles de recherche accessibles aux chercheurs et aux acteurs du développement durable des territoires. Elle entend, d'autre part, constituer des ensembles de données applicables pour la recherche pluridisciplinaire et pour le développement territorial. Elle se déploie en trois axes. Le premier consiste à diffuser les méthodes fondamentales et les procédures de recherche en analyse de l'information territoriale au sein des Sciences humaines et sociales.
Ces outils très génériques, tels que les systèmes d'information d'analyse spatiale et géographique, l'analyse de données quantitatives et qualitatives ou l'infométrie, viennent ensuite alimenter les outils professionnels utilisés par les acteurs territoriaux. Parallèlement, cette utilisation nécessite l'approfondissement du concept de territoire et du processus de territorialisation. Un focus sera mis plus particulièrement sur la définition des indicateurs de compétitivité d'un territoire. Le deuxième axe vise à l'analyse de l'application des principes de gouvernance du développement durable à la recherche et à l'action territoriale. Son objectif principal est de comparer et d'analyser les pratiques des partenaires impliqués, pour finalement aboutir à une lettre de qualité. Enfin, dans le troisième axe, il s'agit de concevoir et de disséminer des méthodes et des outils d'intelligence territoriale accessibles aux acteurs territoriaux et respectueux de l'éthique du développement durable. À titre d'exemple, des outils ont été développés pour mieux comprendre la complexité des difficultés rencontrées par les habitants de Seraing (Belgique) victimes de la récession économique, pour améliorer l'intégration des migrants en Espagne,pour évaluer les parcours d'insertion de personnes handicapées dans le Doubs, ou encore pour étudier l'itinéraire des élèves en milieu rural. Ces outils et ces bases de données vont être élargis au niveau européen. Ces trois recherches comparatives sont loin d'être indépendantes les unes par rapport aux autres. Les deux premières guideront la conception d'outils. En retour, l'utilisation des outils permettra la constitution de bases de données qui alimenteront les recherches fondamentales.
• Ainsi, pour la première fois dans le domaine des Sciences sociales, l'université de Franche-Comté coordonne un projet européen, avec huit équipes de recherche impliquées — dont l'université de Tunghai (Taïwan) — et sept acteurs territoriaux. La maison des Sciences de l'homme a reçu pour cela le soutien de la cellule Europe de la direction de la Valorisation de l'université qui assurera le management administratif et financier du consortium via son service d'activités industrielles et commerciales (SAIC). Rendez-vous dans trois ans pour rendre compte du fruit de ce travail.
Jean-Jacques Girardot
Maison des Sciences de l'homme
Claude Nicolas Ledoux
Université de Franche-Comté
Tél. 03 81 66 51 56
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