Les lymphocytes T sont des acteurs essentiels du système immunitaire adaptatif. Les chercheurs de l’unité RIGHT travaillent depuis plusieurs années à maîtriser le processus d’activation de ces lymphocytes à des fins pronostiques et thérapeutiques, notamment dans le contexte du cancer.
Les connaissances biologiques et le savoir-faire technologique ainsi développés ont été mis au profit de la lutte contre le SARS-CoV-2 dans une étude baptisée COV-CREM, pour caractéristiques des réponses effectrices et mémoires. L’étude a démontré l’activation des lymphocytes T en présence de fragments de protéines appelés « peptides », présents dans le virus. « Cela signifie que le système immunitaire adaptatif reconnaît le virus et qu’il est en capacité de détruire les cellules infectées par lui », expliquent le Dr Marie Kroemer, pharmacien à l’unité de pharmacie clinique oncologique du CHU de Besançon, qui a piloté l’étude, et le Dr Laurie Spehner, ingénieure de recherche en biologie. Toutes deux effectuent des recherches pour identifier de nouveaux biomarqueurs dans le cadre de l’administration de traitements anticancéreux et de la prise en charge globale des patients atteints de cancers, dans l’équipe du Pr Christophe Borg au laboratoire RIGHT. « Grandement impliqués, les services de maladies infectieuses et de réanimation médicale et chirurgicale du CHU, représentés par le Dr Kévin Bouiller et le Dr Lucie Vettoretti, ont largement contribué au succès et à la rapidité de réalisation de l’étude », souligne Marie Kroemer.
60 personnes ayant été atteintes de la COVID-19 ont été incluses dans deux cohortes de tailles comparables : la première composée de patients ayant présenté des symptômes légers, selon les critères de l’OMS, la seconde de patients grièvement atteints, ayant souffert d’une pneumonie avec indication d’oxygénothérapie. Une prise de sang effectuée lors d’une visite de contrôle à l’hôpital a permis de recueillir les lymphocytes T puis de les étudier après isolement par des techniques de culture cellulaire, précise Laurie Spehner. Leur mise en contact pendant 48 heures avec des peptides dérivés des protéines du virus a mis en évidence l’activation de lymphocytes T spécifiques d’au-moins un peptide pour 83 % des patients de l’étude ».
La comparaison entre les deux cohortes témoigne d’une activation lymphocytaire T plus fréquente chez les patients grièvement atteints (94 %) que chez les patients ayant présenté des symptômes légers (70 %). « Mais chez les patients légèrement atteints, l’activation était plus forte, donnant à espérer que l’efficacité du système immunitaire pourrait se prolonger dans le temps. » L’activation des lymphocytes T de ces patients pourrait à nouveau être étudiée dans une année pour vérifier si le système immunitaire a mis en place une mémoire immunitaire durable et spécifique du SARS-CoV-2.
Les lymphocytes T orchestrent par ailleurs la réponse immunitaire adaptative en favorisant l’activation des lymphocytes B, à l’origine de la synthèse d’anticorps spécifiques des protéines des virus. Dans l’étude COV-CREM, la sérologie (anticorps spécifique du SARS-CoV-2), effectuée chez tous les patients, était positive dans 95 % des cas.
Les résultats combinés de cette étude pionnière sur la présence de lymphocytes T spécifiques du virus confirment la pertinence de la piste du vaccin dans le cadre de la lutte contre la COVID-19.