Université de Franche-Comté

COVID-19, de nouvelles opportunités de transfert pour le football ?

Au-delà des aspects sanitaires, la pandémie impacte durablement tous les domaines qui constituent la vie de nos sociétés. Le sport est bien sûr l’un d’entre eux, porteur d’immenses enjeux économiques, sans oublier ce que signifie la situation pour les sportifs privés d’entraînement et de compétition pendant des mois.

Les revers de la mondialisation dans le cadre de la pandémie sont aussi en réflexion à l’Observatoire du football- CIES. Le centre de recherche et de formation neuchâtelois s’intéresse particulièrement aux problèmes que pose la situation pour le mercato, le fameux marché international sur lequel ont lieu les transferts des joueurs. Un algorithme mis au point par les chercheurs permet de mesurer les variations des valeurs de transfert, aujourd’hui soumises à ce paramètre exceptionnel que constitue le virus.

 

Joueurs du big-5 : valeur en baisse de 28%

« La valeur totale de transfert des joueurs du big-5, dans un contexte où aucun match n’a été disputé et aucun contrat renouvelé jusqu’à fin juin, est estimée en diminution de 28 %, passant de 32,7 milliards à 23,4 milliards d’euros », raconte Raffaele Poli, le directeur de l’Observatoire. Les joueurs les plus touchés seraient les plus âgés, recrutés sur des contrats relativement courts et ayant moins joué cette saison que lors de la précédente. C’est typiquement le cas d’un joueur comme Paul Pogba, dont la valeur estimée passerait de 65 à 35 M€. Du côté des clubs, c’est l’Olympique de Marseille qui enregistrerait la plus forte baisse, avec – 38 %.

Lors du webinaire Football transfers during the pandemic : winners and losers1, organisé par le CIES en mai dernier avec différents acteurs de la planète foot, les avis convergeaient. « Tous les clubs sont dans l’incertitude et il est difficile de planifier l’avenir. L’ouverture des marchés nationaux, dont la date est décidée par chaque fédération, se heurte au report de l’organisation des championnats. »

Les contrats des joueurs se terminent pour la plupart fin juin : la signature de nouveaux contrats signifierait pour ces joueurs disputer les derniers matchs sous la bannière d’une équipe adverse, dans un championnat ne se concluant vraisemblablement pas avant la fin de l’été. Dans ce contexte, les fédérations décideraient peut-être d’ouvrir les marchés plus tard, avec des transferts s’effectuant au début de la prochaine saison. « La situation pose le double problème de l’intégrité des compétitions et de la liberté des joueurs, à qui il est illégal de refuser de signer de nouveaux contrats. »

L’incertitude économique que génère actuellement la situation du football aura peut-être pour répercussion une baisse du nombre de transferts internationaux, au bénéfice du recrutement de jeunes joueurs, immédiatement disponibles, moins chers, dans des clubs saisissant l’opportunité pour renforcer une trésorerie parfois fragile. Des possibilités offertes sur les territoires nationaux aussi bien qu’à l’international.

1 Intervenants : Franco Costanzo, recruteur principal pour le marché sud-américain ; Dennis Gudasic, directeur exécutif NK Lokomotiva Zagreb ; Raffaele Poli, directeur de l’Observatoire du football-CIES et Piotr Sadowski, recruteur Manchester United. Webinaire du 7 mai 2020, accessible sur le site du CIES https://www.cies.ch.

Contact(s) :
Observatoire du football - CIES
Centre international d’étude du sport
Raffaele Poli
Tél. : +41 (0)32 718 39 00
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