Université de Franche-Comté

Confinement :
4 300 témoignages analysés

 Où et avec qui avons-nous vécu le confinement ? Quelles ont été nos relations pendant ces longues semaines ? Quelle aide a-t-elle pu être apportée aux personnes en difficulté, seules ou âgées ?… Ces questions, relatives à une période hors normes de notre quotidien, Virginie Vinel et Veronika Kushtanina les ont posées pendant le confinement, via un questionnaire en ligne diffusé par différents réseaux pour recueillir des informations en temps réel. Sociologues au Laboratoire de sociologie et d’anthropologie (LaSA) / université de Franche-Comté, toutes deux spécialistes de la famille et des liens entre générations, elles analysent aujourd’hui cette enquête grand public, qui a généré de très nombreux retours de toute la France.
Les chercheuses expliquent en préambule que « si les femmes et les étudiants sont un peu surreprésentés dans l’étude par rapport à la structure de la population française, les 4 300 questionnaires exploitables composent un échantillon dont l’importance pallie en partie l’absence de représentativité et permet de connaître une grande diversité de situations ».

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Dans les résultats, la tendance au regroupement est clairement marquée, elle concerne près de la moitié des personnes qui vivaient seules avant le confinement, soit 31 % de l’échantillon. « Les jeunes essentiellement se sont rapprochés de leur famille, ils sont volontiers retournés chez leurs parents, où ils se sentent encore chez eux ; à l’inverse peu de personnes âgées sont allées vivre chez leurs enfants adultes, ce qui correspond à une certaine norme en France. » Par ailleurs un quart des personnes en couple non-cohabitant ont passé cette période ensemble, ce sont notamment les hommes qui sont allés chez leur compagne.
Outre la crainte de la solitude, la recherche d’un meilleur confort a motivé la migration des personnes : bénéficier d’un logement plus grand est la raison première (35 %), devant la possibilité d’avoir un accès à l’extérieur (17 %), de vivre à la campagne (14 %) ou dans une maison (13 %). « Les gens ont pressenti que la période de confinement allait durer plus de 15 jours, et lorsque cela a été possible, ils se sont organisés en conséquence. »
Pour la plupart des répondants, les relations pendant le confinement sont jugées stables. Une tendance générale qui appelle cependant la nuance : dans les couples, 25 % des conjoints estiment que leurs liens se sont renforcés, quand 12 % font le constat inverse ; dans les familles, 16 % des répondants affirment une amélioration de leurs relations avec leur père, 18 % avec leur mère, 30 % avec leur fille et 25 % avec leur fils. Mais 7 % des parents parlent d’une dégradation de leur relation avec leurs enfants. Chez les jeunes, 11 % estiment que les choses vont moins bien avec leur mère, 14 % avec leur père et… 32 % avec leur belle-mère, qui a une fois de plus le mauvais rôle !
La notion de solidarité, sur laquelle veut insister l’étude, n’a pas encore fait l’objet de toutes les analyses voulues. Cependant les premiers résultats montrent qu’elle semble avoir bien joué en cette période difficile. 18 % des répondants affirment par exemple avoir pris soin d’un membre de leur famille à l’extérieur du logement confiné : faire les courses pour des parents âgés ou malades, prendre des nouvelles régulièrement par téléphone ou messages, partager des activités sur les réseaux sociaux… L’analyse de cette enquête d’envergure se poursuit pour quantifier et qualifier les actions de solidarité à l’intérieur comme à l’extérieur du logement confiné.

Contact(s) : LaSA - Laboratoire de sociologie et d’anthropologie
Université de Franche-Comté
Virginie Vinel
Veronika Kushtanina
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