Université de Franche-Comté

Concevoir un instrument médical capable, à coeur battant, d’agir à l’intérieur de la cavité cardiaque… Seul le LAB a relevé le défi !

Le coeur doit battre sa mesure en rythme. Et quand les cellules musculaires reçoivent des signaux nerveux de façon désordonnée et chaotique (ce que l’on appelle fibrillation auriculaire), quand la synchronisation se perd, les risques sont grands d’accidents thrombo-emboliques et d’infarctus. Pour y remédier, une des solutions consiste à canaliser les signaux électriques en détruisant certaines zones (ou lignes d’ablation). Cependant, les techniques médicales actuelles sont extrêmement intrusives et s’opèrent en circulation extracorporelle.
Le LAB − laboratoire d’Automatique de Besançon −, mandaté par une société belge, GEBO CONSULT, a développé un instrument micromécanique permettant de réaliser cette opération de façon beaucoup plus douce et à coeur battant. Il utilise les radiofréquences pour créer les lignes d’ablation. Une maille d’électrodes est introduite dans l’oreillette au moyen d’un tube intrathoracique de 10 mm de diamètre. Elle se déploie et vient se poser contre la paroi interne de la cavité. Le bras qui porte cette maille possède 7 axes motorisés, dont 3 sont utilisés manuellement pour positionner l’outil. Les 4 autres sont dirigés via un ordinateur pour faire pénétrer et déplacer la maille à l’intérieur de la cavité.
Si le LAB a conçu la commande complète du système ainsi que les interfaces utilisateurs, son principal apport concerne la réalisation de la maille d’électrodes. Celle-ci est portée par un organe flexible, dit parapluie, moulé dans du polydiméthylsiloxane, matériau biocompatible. Seules les 22 électrodes émergent à la surface. Le parapluie est raidi en longueur grâce à des fils en alliages à mémoire de forme (AMF). Il est ainsi conçu pour adhérer parfaitement à la paroi de l’oreillette, gage de succès de l’opération. La maille proprement dite, quant à elle, comporte deux types d’électrodes. À la base du parapluie, dans le sens transversal, sont disposées les petites (2 mm de longueur et 0,5 mm de largeur). Les plus grandes (7 mm de longueur) sont divisées en 2 pour suivre la paroi au plus près. C’est en choisissant l’une ou l’autre des 22 électrodes que le chirurgien définit les lignes d’ablation.
Après avoir été testé in vitro sur des coeurs de veau, les premiers essais in vivo sont prévus fin 2004 sur des cochons, en vue d’obtenir la certification européenne (marquage CE) qui autorise les premiers tests cliniques humains.

 instrument de défibrillation auriculaire, avec électrodes
Instrument de défibrillation auriculaire, avec sa maille d’électrodes

 

Nicolas Chaillet
Tél. 03 81 40 28 11
chaillet@ens2m.fr

 

 

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