Université de Franche-Comté

Comment inciter à l’économie d’énergie ?

Malgré les objections formulées à leur encontre, les énergies fos­siles continuent de damer le pion aux énergies renouvelables, qui peinent à convaincre. La raison ? Une différence de coût a priori très significative. Mais le calcul semble faussé : le prix des énergies fossiles exclut des coûts sociaux importants, comme les impacts sur la santé des particules fines libérées dans l’atmosphère, ou les contributions aux changements climatiques des émissions de CO², des additions qui tôt ou tard seront à payer. « Ali­gner les coûts privés et les coûts sociaux des énergies fossiles est politiquement très difficile », relève Bruno Lanz, profes­seur assistant d’économie appliquée à l’université de Neuchâtel. À la solution d’aug­menter le prix de ces énergies par une taxe, les politiques actuelles, pour inciter aux économies d’énergie, privilégient des interventions plus douces, comme l’information et la sensibilisation des consom­mateurs, parfois assorties d’aides financières en faveur de l’efficacité énergétique. Bruno Lanz et son équipe développent à l’Institut de recherches économiques de nom­breux projets à ce sujet, dont le plus récent fait l’objet d’un important financement du Fonds national suisse. Tous veulent jauger l’inté­rêt des mesures incitatives déjà prises et éventuellement proposer de nouvelles options.

Une étude, menée en collaboration avec l’EPFL (École polytechnique fédérale de Lausanne) et deux entreprises, porte notamment sur la gestion des rénovations énergétiques dans les parcs immobiliers, ainsi que sur l’efficacité des aides financières incitant à ces rénovations. S’appuyant sur les chiffres de la consommation énergétique de plus de cinq cents immeubles sur le long terme, elle montre que les économies réalisées ne sont pas à la hauteur de ce que les ingénieurs attendaient. « Les mesures incitatives prises, subventions à l’appui, en faveur de la rénovation énergétique des bâtiments, se révèlent très coûteuses par rapport aux économies d’énergie réalisées », assène Bruno Lanz. Des projections élaborées d’après les données réelles obtenues par l’étude déboucheront sur le développement d’un outil d’aide à la décision donnant aux responsables de parcs immobiliers les moyens de cibler les améliorations les plus judicieuses à apporter à leurs logements. La commercialisation de cet outil par une spin-off de l’EPFL figure aux objectifs du projet.

Des locataires enthousiastes

Une autre étude vient par ailleurs de conclure à la bonne volonté des locataires pour participer à la réduction de l’empreinte écologique. À la question ici résumée : « êtes-vous prêts, à confort égal, à assumer les coûts générés par l’acquisition d’une chaudière plus efficace et donc moins énergivore ? », la majorité des locataires sont partants. 30 % sont d’accord pour que le gain réalisé sur les charges soit répercuté sur le montant du loyer : opération blanche pour ces résidents. Mieux encore, 50 % des personnes interrogées se déclarent prêtes à assumer une hausse de leur loyer plus forte que la réduction sur les charges obtenue grâce à un nouveau système de chauffage. « Ces résultats montrent qu’une information pertinente auprès des locataires peut révéler un véritable engagement citoyen, conclut Bruno Lanz. Ils sont un indicateur précieux pour encourager l’élaboration de solutions concertées entre locataires et propriétaires, ces derniers ne pouvant souvent s’engager seuls dans une démarche coûteuse. »

Pistes à aménager, voire à aban­donner, idées à faire fructifier… les outils de l’économie servent avec pertinence la transition énergétique.

 

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Contact(s) :
Institut de recherches économiques
Université de Neuchâtel
Bruno Lanz
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