C’est à partir de milliers de références documentaires que la collaboration internationale Cochrane édite des revues scientifiques qui portent valeur de preuve dans le domaine de la santé. Des corpus alimentés par des spécialistes de l’information, comme à Besançon où est hébergé le seul groupe d’intervention Cochrane français…
Donner du fluor pour renforcer les dents n’est justifié que les trois premiers mois de vie d’un enfant, administrer de la cortisone est inutile pour soigner un rhume, et donner des informations aux adolescents à l’école sur les MST s’avère inefficace sans autre prise de mesure… Ces affirmations, qu’elles battent en brèche comme ici les idées reçues, qu’elles confortent le choix de certains traitements ou donnent de nouvelles pistes, sont les conclusions de rapports élaborés par des experts au sein de la collaboration internationale Cochrane. Une organisation à but non lucratif réunissant quelque 37 000 bénévoles dans cent trente pays, et dont l’objectif est de fournir aux professionnels de santé et aux acteurs du domaine une compilation d’informations pour les aider dans leurs décisions.
La collaboration Cochrane compte cinquante-trois groupes d’intervention dans le monde, chacun axé sur un thème de santé publique ou une problématique particulière. Besançon accueille depuis 2013 le seul groupe actif en France, responsable du traitement des informations concernant les cancers du poumon.
Le Cochrane Lung Cancer Group est hébergé par le CHRU et l’université de Franche-Comté, où il est placé sous la responsabilité de Virginie Westeel, pneumologue, et coordonné par Corynne Marchal, chef de projet, respectivement nommées éditrice et rédactrice en chef du groupe. Car il s’agit bien là d’un travail d’édition, pour lequel les spécialistes de l’information ont un rôle clé à jouer. Conservateur au Service commun de documentation (SCD), et responsable de la BU Santé à Besançon, François Calais a endossé l’habit de Trial Search Coordinator en mettant ses compétences au service de la cause. « Habituellement notre travail consiste à sélectionner l’information la plus pertinente. Ici c’est l’inverse : la recherche est la plus large possible. » Le but est de réunir tous les documents relatifs aux essais cliniques réalisés sur un sujet déterminé.
Un travail de fourmi, même si les logiciels d’automatisation de traitement de l’information font leur part du travail. « Une des principales difficultés consiste à identifier la « littérature grise », correspondant à des essais cliniques peu probants ou abandonnés, et qui du coup n’ont pas fait l’objet de publications scientifiques », explique François Calais. Cette revue systématique de données piochées dans les bases de l’OMS, de l’UNESCO, de la Cochrane Library et de tant d’autres à travers le monde, débouche sur la collecte de 3 000 à 4 000 références en moyenne, et pas moins de 7 500 pour la dernière étude menée à Besançon !
Ce sont les contributeurs de la future revue, spécialistes du sujet, qui se chargeront de trier, à partir de cette énorme bibliographie, les articles et informations à conserver, à comparer, à sortir des oubliettes, bref à sélectionner pour élaborer la revue. La synthèse, analysée et commentée, mettra en lumière des conclusions impossibles à discerner sans ce travail de compilation, et servira de base à de nouvelles investigations. Ce travail de méta-analyse, apparenté à une exploitation statistique des données, a une valeur de preuve.
Le Cochrane Lung Cancer Group est né à Barcelone en 1998 où il est demeuré jusqu’en 2013 avant de déménager à Besançon. Il a publié quarante-cinq revues depuis sa création.
Contact :
Bibliothèque universitaire Santé
SCD – Université de Franche-Comté
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