Université de Franche-Comté

Biomatériau innovant pour aider la peau à se reconstruire

Photo Gwenaël Rolin

Atteinte par une brûlure grave, une plaie chronique ou encore un prélèvement cutané de surface importante, la peau peut avoir des difficultés à se réparer. Pour aider le processus naturel de régénération du derme et la reconstruction de la partie lésée, les chercheurs engagés dans le projet européen TissYou1 travaillent à mettre au point un biomatériau aux propriétés proches de celles de la peau humaine, et capable de se substituer à elle.

Gwenaël Rolin est ingénieur de recherche au CHU de Besançon, plus précisément au sein de son centre d’investigation clinique (Inserm CIC 1431), et chercheur au laboratoire RIGHT : les orientations des deux structures se rejoignent pour venir en support au projet qu’il pilote, entre recherche fondamentale et recherche clinique.

Après dix ans de travaux inau­gurés par sa thèse portant sur l’élaboration d’un prototype de peau reconstruite, Gwenaël Rolin voit aujourd’hui, en collaboration avec les membres du consortium européen TissYou, les résultats probants obtenus au fil des années aboutir prochainement à un nouveau dépôt de brevet international. Une avancée remarquable, en même temps qu’une étape sur le long chemin menant à la production d’un dispositif médical implantable.

Sur la base d’un cahier des charges précis et exigeant, la fabrication de la matrice de régénération est assurée par l’entreprise française RESCOLL®, spécialisée dans l’électrofilage, ou electrospinning. « Cette technique, qui permet de produire des fibres de nature et de dimensions contrôlées, est bien adaptée pour construire un matériau le plus proche possible du derme, lui-même constitué de fibres, notamment de collagène. » Plusieurs polymères, dont aucun n’est d’origine animale, ont été choisis pour leurs qualités biologiques aussi bien que mécaniques, et leur parfaite innocuité. Après deux ans de mise au point du procédé de production et d’évaluations in vitro, le matériau s’avère conforme aux attendus et entrera prochainement dans une phase d’investigation préclinique.

« Si les tests prévus sur la souris et le cochon sont concluants en termes de sécurité et d’efficacité, les premiers essais chez l’homme devraient être envisageables à l’horizon 2025 », estime Gwenaël Rolin. Greffé sur les lésions cutanées, le biomatériau constitue un véritable support pour relancer la cicatrisation ; biodégradable, il est éliminé par l’organisme au fur et à mesure que le derme se reconstruit. Son évolution est d’ores et déjà envisagée pour qu’il puisse acquérir de nouvelles fonctionnalités, par exemple grâce à l’intégration d’analgésiques ou d’anti-inflammatoires, et ainsi voir son action s’adapter à différentes pathologies. Annoncé comme une innovation de rupture, il sera promis à exploitation industrielle dès lors que toutes les preuves de ses performances auront été validées aux différents stades du protocole réglementaire.

 

1 TissYou bénéficie d’un financement du programme commun Eurostars-2, issu du programme-cadre européen Horizon 2020 de l’Union européenne. Les membres du consortium sont le CHU de Besançon (Inserm CIC 1431) et le laboratoire RIGHT, la société RESCOLL à Pessac (33), l’entreprise Straticell (Belgique) et l’institut de recherche Ludwig Boltzmann Institute (Autriche).
Contact(s) :
Centre d’investigation clinique - Inserm
CIC 1431 / CHU de Besançon
Laboratoire RIGHT - UFC / EFS / INSERM
Gwenaël Rolin
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