Université de Franche-Comté

Assemblage de microsystèmes : vers une automatisation douce

Dans la production de systèmes de petite taille, les effets physiques présents ne sont pas les mêmes que dans le macroscopique. Tous les outils, robots et machines qui peuvent permettre un traitement automatique sont à repenser avec ces nouvelles contraintes. Un travail que développe depuis longtemps le département AS2M de FEMTO-ST, et qui est maintenant en voie de transfert à l'Institut Pierre Vernier. Une synergie de moyens qui peut amener la Franche-Comté en bonne place des régions européennes sur ce champ.

 

 

Les microsystèmes assemblés s'introduisent partout, des appareils biomédicaux à l'aérospatiale, des télécommunications à l'armement, amenant des améliorations techniques ou des fonctionnalités supplémentaires. Cette progression rapide ne risque donc pas de s'arrêter. Or, actuellement, la production, et notamment l'assemblage de ces microsystèmes, se fait bien souvent à la main. Si les hommes sont pour le moment plus rapides et plus précis que n'importe quelle machine, cette précision atteint des limites avec la miniaturisation constante des microsystèmes. De plus, le temps de formation est important. Ainsi, dans certains cas, l'automatisation des tâches peut s'avérer opportune.

 

Les laboratoires de recherche — notamment au Japon au début des années 90, puis aux États-Unis et en Europe — se sont attelés à cette question et commencent à apporter des solutions viables. Le saut technologique est important et peut paraître dur à supporter pour une PME. Pourtant, le jeu n'en vaut-il pas la chandelle ? Surtout si l'on s'attarde sur certains signes qui témoignent clairement d'un engagement durable dans cette direction : des entreprises proposent des solutions de production (ADEPT JAPAN s'oriente vers le microassemblage, ainsi que des start-up suisses — FEMTOTOOLS, ASYRIL… — et des groupes industriels) et des entreprises utilisatrices (NOKIA, FESTO, BOSCH, SWATCH…) étudient de près ces potentialités.

 

 

Des laboratoires aux entreprises, un fort potentiel franc-comtois

La Franche-Comté, qui recense à la fois le département Automatique et systèmes micromécatroniques (AS2M) de l'Institut FEMTO-ST, l'Institut Pierre Vernier – Franche-Comté transfert technologie qui s'empare des avancées en laboratoire, et de nombreuses entreprises concernées par l'assemblage de microsystèmes, est bien positionnée pour impulser cette transition au sein des systèmes de production.

 

Depuis 1995, l'ancien laboratoire d'Automatique de Besançon (LAB) — devenu le département AS2M — développe des systèmes microrobotiques, c'est-à-dire des systèmes actionnés dédiés à la réalisation de tâches de micromanipulation ou de microassemblage (déplacement, positionnement, solidarisation de composants…). Ces stations microrobotiques, associées à tout le système de commande et de pilotage, ont fait leurs preuves dans le laboratoire comme solution technologique et ont pu servir de démonstrateurs dans plusieurs projets européens. Elles sont en voie de transfert à l'Institut Pierre Vernier. Dans le microassemblage de précision (sous le millimètre), elles peuvent répondre à des besoins mieux qu'aucun opérateur humain.

 

Un autre de leurs avantages réside dans leur complémentarité : il est possible de les associer pour réaliser une tâche plus complexe. Qu'elles soient téléopérées ou entièrement automatisées, toutes les combinaisons deviennent envisageables.

 

Les configurations industrielles susceptibles d'être améliorées par l'automatisation et la microrobotique sont multiples. Il peut s'agir d'une petite série à produire en phase de test avant de lancer une production plus importante, ou bien pour répondre à des besoins de petites et moyennes séries. En effet, les stations microrobotiques, qui sont interchangeables facilement, peuvent être considérées comme les briques d'un jeu de construction. Monter et démonter de petites unités de production dédiées à des petites et moyennes séries est rendu accessible par ce système.

 

 

Vers des usines d'assemblage constituées de stations microrobotiques : les micro-usines

Ce jeu peut se penser à grande échelle, et il est maintenant possible de concevoir toute une chaîne d'assemblage constituée de stations, soit complètement automatisée, soit partiellement, avec l'intervention ponctuelle d'un opérateur via une interface.

 

L'Institut Pierre Vernier, qui s'approprie les savoir-faire et outils développés au laboratoire, prépare un démonstrateur pour la fin de l'année 2008. L'étude de marché réalisée auprès des entreprises de la région démontre un potentiel important qui pourrait être amplifié et valorisé dans le cadre de projets européens — une plate-forme européenne, Micromanufacturing, a été créée dans le cadre du 7e programme-cadre —, et ainsi lui apporter une dimension supplémentaire en terme de moyens, mais aussi de rayonnement.

 

La microfabrication est à un stade crucial de son développement, à l'instar de la production automobile dans les années 80, qui a réussi son maintien grâce à une automatisation des chaînes. Cette mutation des systèmes de production peut se faire en douceur, mais doit être engagée sans tarder pour améliorer la performance des entreprises et maintenir une main d'œuvre manufacturière en Franche-Comté et beaucoup plus globalement en Europe.

 

 

Micromanipulation d'un composant de 400 µm par 400 µm avec un préhenseur

 

Une des stations possibles : la micromanipulation d'un composant de 400 µm par 400 µm

avec un préhenseur issu du département As2M de l'Institut FEMTO-ST

 

 

Contact : Philippe Lutz

Département AS2M – Institut FEMTO-ST

Université de Franche-Comté / UTBM / ENSMM / CNRS

Tél. (0033/0) 3 81 40 27 85

 

Olivier LehmannPatricia Jeandel

Institut Pierre Vernier

Tél. (0033/0) 3 81 40 57 08

 

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