La connaissance d’espèces animales et végétales liée à des préoccupations environnementales est le point commun à trois recherches menées à l’université de Neuchâtel, ayant chacune fait l’objet de publications dans des revues scientifiques au printemps dernier.
Les abeilles domestiques, tout comme les 20 000 espèces d’abeilles sauvages butinant à travers le monde, sont les descendantes de guêpes carnivores. Un changement de régime alimentaire qui ne date pas d’hier puisqu’il s’est opéré voilà quelque 120 millions d’années. Cependant, il subsiste dans les déserts d’Afrique australe et du Chili un groupe d’abeilles issues de cette période, dont le mode de vie est encore très proche de celui des guêpes d’alors. Leur étude permet de mieux comprendre comment s’est effectuée la transition entre guêpes chasseuses et abeilles mangeuses de pollen.
Une mégachile femelle (Megachile alpicola) coupant une feuille pour la construction d'une cellule.
(Photo Albert Krebs)
Christophe Praz, chercheur au laboratoire d’entomologie évolutive de l’université de Neuchâtel, a mis en évidence que la transformation s’est opérée dès lors que ces insectes ont su protéger leur provision de pollen grâce à des matériaux récoltés dans la nature ou à des secrétions qu’ils ont produites eux-mêmes. « C’est ainsi que les abeilles ont pu sortir des milieux désertiques qui les ont vues naître » conclut le chercheur.
Contact : Christophe Praz
Laboratoire d’entomologie évolutive
Université de Neuchâtel
Tél. (0041/0) 32 718 31 48
Le parfum d’une fleur est aussi déterminant que la couleur de ses pétales pour attirer des pollinisateurs. Établi pour la première fois, ce constat est le résultat de recherches menées par des biologistes des universités de Berne et Neuchâtel à partir de croisements de pétunias, créant des fleurs hybrides inconnues à l’état naturel.
Une expérience a mis en scène des sphinx du tabac (Manduca sexta) placés dans un tunnel de vol, à proximité de pétunias présentant des caractéristiques de couleurs et d’odeurs différentes. Après quelques hésitations devant une situation conflictuelle inédite, les papillons, dans leur grande majorité, ont préféré se nourrir sur une fleur odorante, à l’aspect coloré inattendu, plutôt que sur la fleur blanche habituellement rencontrée dans la nature, mais privée de son odeur caractéristique.
Ces travaux ont pu être réalisés grâce à l’identification de deux régions de l’ADN à l’origine de la production des parfums chez le pétunia. Relativement simple, la génétique des odeurs laisse espérer que les plantes puissent s’adapter par elles-mêmes à la raréfaction des pollinisateurs induite par les changements climatiques.
Contact : Patrick Guerin – Alexandre Gurba
Laboratoire de physiologie animale
Université de Neuchâtel
Tél. (0041/0) 32 718 30 66 / 30 81
Plus il fait chaud et sec, plus les tiques risquent la déshydratation. Mais contaminées par l’agent pathogène Borrelia burgdorferi, elles se montrent plus résistantes et affichent un insolent taux de survie par rapport à leurs congénères non infectées.
Ce fait a été mis en évidence par les travaux de biologistes de l’université de Neuchâtel sur la tique du mouton, l’espèce la plus répandue en Suisse, à partir d’une expérience menée sur 1 500 spécimens. L’étude laisse envisager qu’en raison du réchauffement climatique, les tiques infectées pourraient à terme augmenter au sein de la population. Une prévision inquiétante, sachant que Borrelia burgdorferi est la bactérie responsable chez l’être humain de la borréliose, ou maladie de Lyme, contractée par 10 000 personnes en Suisse chaque année à la suite d’une piqûre de tique.
Contact : Coralie Herrmann – Lise Gern
Laboratoire de parasitologie
Université de Neuchâtel
Tél. (0041/0) 32 718 30 43 / 30 52