En 1493, Philippe le Beau, père de Charles Quint, règne sur le comté de Bourgogne. La future Franche-Comté sera annexée par Louis XIV en 1678, date à laquelle elle devient définitivement française. Entre ces deux bornes historiques, pendant près de deux cents ans, la puissante maison des Habsbourg est aux commandes de la Comté, province alors rattachée aux Pays-Bas.
Une période de l’histoire peu étudiée, jusqu’à ce que Paul Delsalle en fasse sa spécialité de recherche à l’uFC / laboratoire Chrono-environnement. Au terme de trente années d’étude des archives et du patrimoine subsistant de cette époque, et d’analyses éclairantes, l’historien publie aux éditions Cêtre une synthèse des connaissances acquises sous la forme d’un dictionnaire, dont le troisième et dernier tome vient de paraître.
Après Les personnages et Les matières, c’est donc avec Les lieux que ce volume vient clore le Dictionnaire historique de la Franche-Comté sous les Habsbourg, qui a également reçu la contribution de chercheurs et étudiants en histoire, histoire de l’art, archéologie ou littérature, ainsi que d’archivistes ou encore de bibliothécaires.
Trois volumes pour faire revivre deux siècles d’histoire de la Franche-Comté, et qui racontent…
Les personnages…
… Les Montaigu, orfèvres à Besançon sur plusieurs générations ; les familles de sculpteurs Lulier, dont les fontaines et tombeaux existent toujours, et Landry, dont il ne reste plus que des témoignages écrits pour parler de leur talent ; les puissants seigneurs de Vergy, pourtant si peu connus aujourd’hui ; le médecin Dorenet et son ouvrage pour aider à gérer l’épidémie de peste, imprimé aux frais de la commune de Dole ; Gilles Garnier, accusé d’être un loup-garou et l’auteur de plusieurs meurtres, conduit au bûcher sur décision du parlement de Dole ; les Saint-Mauris de la vallée du Dessoubre et leur engagement militaire ; Jehanne Meur de Soif, ouvrière à Salins, spécialisée comme les nombreuses autres femmes employées dans les salines, et qui savait lire et écrire…
Les matières…
… La « pierre d’asile » d’Ornans, une colonne en pierre toujours visible, qui donnait le droit d’asile à l’auteur d’un meurtre s’il parvenait à la toucher avant d’être arrêté ; le baptême d’un enfant, dont le prénom était choisi par le parrain ou la marraine et non par ses parents ; l’importante consommation de harengs salés ou fumés, prélevés sur des convois en provenance de la Manche ou de la mer du Nord ; la guerre de Trente ans – une dizaine d’années en vérité sur le territoire comtois – au cours de laquelle 60 % de la population comtoise fut massacrée et de nombreux bourgs et villages réduits en cendres ; la route des Postes, qui assurait une liaison rapide entre les instances des Pays-Bas et les deux centres administratifs de la Comté qu’étaient Dole et Gray ; la Franche-Comté soi-disant « espagnole », qui n’avait de lien avec l’Espagne que sur le papier…
Les lieux…
…Baume-les-Nonnes, aujourd’hui Baume-les-Dames, dont le nom d’alors « souligne l’importance majeure de l’abbaye féminine dans cette petite ville » ; Besançon, ville impériale enclavée dans la Comté, dont il y a tant à dire mais qu’aucune thèse n’a jamais étudiée ; le Doubs, que seul franchissait dans la cité le pont de Battant jadis édifié par les Romains ; Bruxelles, capitale des Pays-Bas où se prenaient les décisions pour la province, et qui comptait elle aussi un palais Granvelle, jusqu’à sa destruction en 1930…
« Le volume consacré aux lieux mentionne toutes les villes de Franche-Comté, au sens où on l’entendait alors : des localités entourées de remparts et ayant des franchises, qui donnaient aux habitants le statut de bourgeois ; le nombre d’habitants ne rentrait pas en ligne de compte », explique Paul Delsalle.
De même que les villes, les bourgs, abbayes, commanderies et tout endroit où un événement marquant a pu se produire sont répertoriés dans les pages du troisième tome et identifiés dans un atlas qui permet de les localiser facilement. Comme certains noms de famille ou mots liés à des activités, les appellations géographiques seront sans doute familières aux lecteurs ; les curieux d’histoire découvriront de nouvelles façons de les lire ou de les interpréter.
Chacun des tomes du dictionnaire est relié et imprimé sur un papier bouffant crème, de belles finitions en harmonie avec le propos historique et la période évoquée.