Question des plus sensibles, la migration d’asile a récemment fait l’objet d’un nouveau Pacte à l’échelle de l’Union européenne. Cette réforme, dont la Suisse est partie prenante, vise à augmenter l’efficacité du système existant et à favoriser la solidarité entre les États.
C’est dans ce contexte que des chercheurs suisses engagés dans le pôle de recherche national « nccr – on the move », consacré à la migration et à la mobilité, proposent un logiciel traitant les données de la migration de manière factuelle et complète, pour servir de base à la discussion politique.
La solution informatique Fair Share agrège ainsi les informations sur les demandes et les octrois de protection temporaire recensés par l’office de statistique Eurostat, et intègre des renseignements d’usage sur les pays d’accueil : taille, niveau de PIB, structure de la population, taux de chômage… L’utilisation combinée de ces critères objectifs permet de visualiser la réalité du terrain et de déterminer les capacités d’accueil de chaque pays.
Grâce aux informations inédites qu’il porte à la connaissance des décideurs, Fair Share est un outil au service de la discussion et de la négociation. « L’application fournit les bases d’un débat dépassionné pour favoriser le partage des responsabilités et mettre en œuvre les mécanismes de solidarité entre les États membres de l’Union », explique Étienne Piguet, géographe spécialiste des questions de mobilité à l’UniNE, et largement impliqué dans le nccr – on the move1.
Après dix ans de développement sous la houlette d’Étienne Piguet et d’Andreas Perret, le spécialiste de la gestion des données et des visualisations du nccr – on the move, le logiciel est aujourd’hui fonctionnel et prend compte en permanence des nouvelles données sur la problématique qui lui est confiée.
Fair Share pointe les déséquilibres entre les pays d’accueil, et montre que si une plus grande solidarité entre eux apparaît nécessaire, elle est également possible.
« Nous arrivons à un moment charnière sur la question de la migration forcée. C’est vrai à la fois pour la politique et pour la recherche, entre lesquelles il n’y a que peu d’échanges. Les gouvernements ont des approches plutôt technocratiques ; la recherche met ses résultats à leur disposition pour faciliter le dialogue et rendre les discussions plus pragmatiques », souligne le géographe.
Fair Share apparaît être un instrument capable d’apporter une pierre d’angle à cet édifice, dont la construction est d’un côté voulue par nombre de politiques, de l’autre rendue fragile par la tendance au repli nationaliste de certains États.