Longue de 480 km, large parfois jusqu’à 300 m, d’un débit moyen de 410 m³, la Saône est alimentée par de nombreux affluents : si elle présente certaines caractéristiques dignes d’un fleuve, elle n’est cependant qu’une rivière, s’étirant paresseusement des Vosges où elle prend sa source jusqu’au Rhône, dont elle rejoint le fleuve éponyme à Lyon. Une rivière calme et majestueuse, navigable, attirant pêcheurs, promeneurs et touristes en quête de nature.
En amont de St Jean-de-Losne, la Saône reste cependant méconnue sur le plan scientifique, une lacune que le Conseil départemental de la Haute-Saône a souhaité pallier en lançant le programme Mission Saône avec des chercheurs des laboratoires ThéMA et Chronoenvironnement à Besançon et du laboratoire Environnement, ville, société (EVS) à Lyon. Le projet réunit géographes et historiens de l’environnement aux côtés de spécialistes en écologie, biogéologie et géomorphologie, pour une perception la plus complète possible.
« L’objectif est de déterminer si la Saône peut être un levier de développement local, notamment grâce au tourisme », explique Émeline Comby, géographe à ThéMA et coordonnatrice du projet. Les chercheurs souhaitent comprendre l’attachement des habitants du département à la Saône, et l’attrait que celle-ci représente pour les personnes venant d’autres territoires. Une double requête pour nourrir la réflexion sur des hypothèses d’aménagement et de développement : activités nautiques, offre d’hébergement et de restauration, balades à pied ou à vélo, parcours-découverte…, ces pistes doivent être suivies dans le respect de ce qui fonde l’intérêt pour la rivière.
Les relevés de terrain permettront en parallèle de dresser un bilan écologique, et une cartographie historique retracera notamment l’évolution morphologique du cours d’eau, autant d’informations d’intérêt majeur pour mieux comprendre son fonctionnement et assurer sa protection.
« Lors de l’été 2019, la Saône était l’une des seules rivières navigables en France. La majorité des canaux étaient fermés par manque d’eau, quand la navigation de plaisance restait possible sur la Saône. C’est un atout d’autant plus remarquable que le changement climatique sévit », remarque Émeline Comby.
Après la clôture de Mission Saône fin 2021, au terme de deux années de recherche, les acteurs du projet prévoient l’édition d’un ouvrage de promotion du territoire, et à l’horizon 2030, la création d’une maison de la Saône, un espace muséal à destination de tous les publics charmés par la Saône ou qui ne demandent qu’à l’être.