Université de Franche-Comté

[Publication]

La violence du peuple sous la plume des écrivains du XIXe siècle

Montaclair F., Comment sortir de la violence du peuple ? Les écrivains du XIXe siècle et la violence du peuple, Éditions Hermann, 2025.

Partout présente, la violence traverse le temps. Le XXIe siècle admet l’idée que la guerre est venue avec la sédentarisation des peuples. C’est ce que suggérait déjà Rousseau, qui voyait dans la propriété, et notamment celle de la terre, une source d’alimentation des conflits. Le XXe siècle, celui des guerres mondiales, de la décolonisation, du service militaire obligatoire en France, glorifie un esprit guerrier dont la littérature se fait l’écho.

Qu’en est-il au XIXe siècle, aux lendemains de la Révolution ? Que pense-t-on alors de la violence du peuple et de la façon dont il serait possible d’apaiser le climat social ? Qu’en disent les écrivains de cette époque ? Ces questions sont au centre de l’ouvrage Comment sortir de la violence du peuple ? signé par Florent Montaclair, spécialiste de littérature française et comparée, Inspé de Franche-Comté.

Bien que ce soient surtout ses qualités esthétiques ou son caractère romantique qui sont mis en valeur, la littérature française du XIXe siècle ne manque pas d’évoquer la violence du peuple. Cette préoccupation, parfois passée sous silence dans l’enseignement, est centrale dans les œuvres d’écrivains comme Hugo, Zola, Verne, Michelet ou Balzac, qui peuvent être considérés comme des théoriciens politiques autant que Fourier et Proudhon, les philosophes socialistes diffusant leurs idées dans une littérature française dont Marx est encore absent.

L’époque comprend difficilement les origines de la violence du peuple, alors que la Révolution a fait tomber les privilèges et mis en place des systèmes nouveaux. Les revendications politiques sont vues comme un objectif atteint, et la question économique n’est encore que peu abordée. Au cœur des intrigues qu’ils bâtissent pour leurs romans, les auteurs avancent des explications à la violence et imaginent des solutions « pour que le peuple retrouve une cohésion harmonieuse avec les possédants ».

Maux et remèdes ont souvent les mêmes racines, et sont à chercher, selon les écrivains, dans les régimes politiques, les modèles économiques, la culture, la religion, ou encore l’éducation. Tout en explorant leurs idées, l’ouvrage de Florent Montaclair replace les auteurs dans leur siècle et dans la société française d’alors, montrant parfois des aspects de leur personnalité, en contradiction avec leur image, que la postérité n’aura pas retenus.

retour