Université de Franche-Comté

[Patrimoine]

Machine à remonter l’histoire industrielle de Belfort

Fabriquer une machine à remonter le temps, c’est ce que promettent la numérisation et le traitement de kilomètres d’archives témoignant du passé de Techn’hom, le parc urbain d’activités de Belfort. L’intention est d’exploiter ces ressources documentaires pour reconstruire en 3D l’ancien quartier industriel, afin de mieux faire connaître et valoriser cette page importante de l’histoire de la ville.

Vue générale de la Filature Dollfus, Mieg & Cie (post. 1928), Belfort.
Archives Municipales de Mulhouse, Fonds DMC non classé.

Dès la fin du XIXsiècle et pendant plusieurs décennies, la filature DMC a occupé près de la moitié des cent hectares sur lesquels s’étendait le site. Cette entreprise et les nombreux bâtiments qu’elle a laissés en héritage font l’objet de la « première tranche de travaux » du projet Techn’hom Time Machine, piloté par Marina Gasnier, enseignante-chercheuse en histoire des techniques à l’UTBM / Institut FEMTO-ST/RECITS.

« À terme, il sera possible de visiter virtuellement les anciens locaux de production, de se représenter les cités ouvrières construites en périphérie, de suivre les cheminements des salariés, les flux de marchandises, en définitive de voir revivre le site industriel depuis ses origines en 1879. »

Un projet ambitieux à la croisée des sciences humaines et des sciences pour l’ingénieur, puisque les « humanités numériques » proposent une lecture inédite des archives à la faveur des nouvelles technologies : des milliers d’originaux sont ainsi sortis des étagères, scannés et analysés, et les informations qu’ils contiennent mises en relation par des logiciels dédiés pour reconstituer ce pan d’histoire.

Certains documents sont d’heureuses découvertes, comme cet inventaire datant de 1959 alors que DMC fermait ses portes à Belfort, qui consigne les références de toutes les machines acquises par l’entreprise depuis sa création. Des catalogues de constructeurs les illustrent, et des plans réalisés à l’aquarelle indiquent leur implantation dans les locaux. « Ce sont des sources précieuses pour aider à la reconstitution des ateliers, pour comprendre le fonctionnement des machines et celui des chaînes de production, dont il ne reste aucune trace sur le site. »

Atelier de filature, Filature Dollfus, Mieg & Cie
Modélisation réalisée par Cyril Lachèze, FEMTO-ST/RECITS (UMR 6174) – UTBM.

La modélisation des bâtiments de l’usine DMC est aujourd’hui réalisée. Après l’ancienne filature, les travaux des chercheurs, des techniciens et des étudiants impliqués dans le projet s’étendront au périmètre de l’usine SACM, ex-Alstom, avant de se concentrer sur les cités ouvrières. L’ensemble donnera lieu à une restitution du passé sur le site, grâce à des outils de réalité augmentée qui donneront à voir Techn’hom tel qu’à l’origine, et sur un grand écran accessible dans les locaux de l’UTBM : une dalle numérique au fonctionnement comparable à celui d’un jeu vidéo, permettant de circuler dans l’espace et dans le temps de manière virtuelle.

Une première présentation des travaux en cours aura lieu en début d’année 2025 au Musée des arts et métiers de Paris, dans le cadre d’une exposition sur Lab in Virtuo, le projet national dans lequel s’inscrit Techn’hom Time Machine.

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