L’utilisation d’anticorps ciblant les points de contrôle immunitaire est une option qui fait ses preuves en cancérologie depuis maintenant plusieurs années, et qui a révolutionné la discipline. Cependant les traitements actuels par immunothérapie présentent des limites dans le cas des cancers colorectaux, notamment métastatiques.
Au laboratoire RIGHT, le Dr Romain Loyon consacre ses recherches à comprendre les raisons d’une moindre efficacité sur ces pathologies de traitements éprouvés par ailleurs, et à trouver de nouvelles voies d’activation du système immunitaire pour pallier leur insuffisance.
Le jeune docteur a depuis un peu plus d’un an rejoint l’équipe TIM-C du Pr Olivier Adotévi, et travaille en étroite collaboration avec le Pr Christophe Borg, avec lequel il avait préparé sa thèse en immunologie avant d’effectuer un post-doctorat à l’université de Lausanne. Il bénéficie aujourd’hui d’un financement ANR (Agence nationale de la recherche) jeune chercheur, qui lui donne les moyens de monter sa propre équipe et de se doter de matériel pour développer ses travaux, avec les rétrovirus en point de mire.
On sait aujourd’hui, grâce au séquençage de l’ADN, que depuis des milliers, voire des millions d’années, le génome humain comporte 8 % de rétrovirus endogènes. Mis en sommeil dans l’organisme grâce à un puissant système de régulation génétique, ces rétrovirus peuvent s’exprimer lorsque l’environnement qui contrôle l’expression des gènes dans les cellules est perturbé, comme c’est le cas dans les cellules cancéreuses.
« Identifier et cibler des antigènes des tumeurs est le fondement de toute immunothérapie, qu’elle s’oriente vers un vaccin curatif visant à stimuler et à activer la mémoire du système immunitaire, ou qu’elle privilégie une thérapie cellulaire. Les rétrovirus endogènes pourraient être une source majeure d’antigènes de tumeurs. Mon objectif est d’identifier à la surface des lymphocytes T, qui sont les cellules les plus impliquées dans la réponse du système immunitaire à une agression, des récepteurs spécifiques des rétrovirus endogènes exprimés dans les cellules tumorales. »
L’identification de ces récepteurs serait le point de départ du développement d’approches de thérapies cellulaires à base de lymphocytes T génétiquement modifiés. Si cette recherche s’oriente en priorité vers le traitement des cancers du côlon, qui représentent un enjeu de santé publique important, la découverte de nouvelles voies d’activation du système immunitaire via les rétrovirus endogènes pourrait également être utile au traitement d’autres pathologies.
Servant cette quête, la complémentarité entre recherche fondamentale et clinique est un atout que souligne Romain Loyon : « Le travail scientifique de l’unité RIGHT est mené parallèlement au suivi clinique de cohortes de patients au CHU de Besançon. Cette configuration permet de travailler en laboratoire sur des cellules cancéreuses exprimant les rétrovirus endogènes, issues de tissus tumoraux de patients. C’est une opportunité fondamentale, et un point fort de la recherche en santé à Besançon. »