Un certain nombre de travaux met en évidence que les hautes performances des revêtements obtenus par projection thermique et intégrés dans des tribosystèmes sont inhérentes, dune part, à la physico-chimie des revêtements, dautre part, à leurs propriétés mécaniques.
• Cest principalement pour mieux comprendre et mieux appréhender ces deux aspects conditionnés par le mode de construction du dépôt que le LERMPS – Laboratoire dEtudes et de Recherches sur les matériaux et les Propriétés de Surface – de lUniversité de Technologie Belfort-Montbéliard sintéresse à lévaluation des performances des revêtements quil développe.
• Laccent est mis sur la caractérisation des propriétés dusage des produits obtenus par projection thermique. En règle générale, lorsquun revêtement est soumis à des phénomènes dusure il subit une transformation microstructurale à lendroit même du contact, appelé zone transformée tribologiquement. Cette transformation dépend de la composition du matériau constitutif du revêtement. Dans le même temps, le dépôt subit en subsurface une dégradation de type fatigue qui se caractérise par linitiation et la propagation de fissures interlamellaires. Dans la plupart des cas, ces fissures débouchent à la surface du revêtement et conduisent à la formation de débris dusure.
• Pour limiter cette fissuration interlamellaire, il convient dintervenir sur la cohésion entre les particules qui se superposent les unes sur les autres pendant la projection. Il ne sagit plus dassurer un accrochage mécanique entre chaque particule, mais de favoriser des phénomènes dadhésion entre ces lamelles. Pour ce faire, les matériaux projetés doivent se combiner en couches dinterdiffusion ou former des composés mixtes constitués de lun et de lautre des éléments des particules mitoyennes.
• Dans ce but, il est possible, par exemple, dintervenir sur le choix des paramètres ou du procédé de projection. Cette possibilité est utilisée par exemple, dans lélaboration du cermet WC/Co courant en aéronautique. Il a été prouvé que les conditions de projection mises en oeuvre avec le procédé HVOF (High Velocity Oxygen Fuel) étaient plus favorables à la cohésion du cermet que celles du procédé APS (Atmospheric Plasma Spraying) dont la température trop élevée entraîne une décarburation du cermet et le rend trop fragile.
• Le choix de la poudre est aussi déterminant pour la cohésion. Des études sur la projection de Al2O3/TiO2 montrent que pour des applications tribologiques il est préférable davoir recours à une poudre de type agglomérée densifiée plutôt quà une poudre fondue broyée : la poudre de type agglomérée densifiée, qui agglomère sous forme sphérique les particules dalumine et de rutile de petites tailles (2 à 3 mm), favorise la formation de composés de type Al2TiO5 qui assurent la liaison interlamellaire dans le revêtement.
• Il est possible de multiplier les exemples en se référant à dautres paramètres comme le préchauffage qui modifie la tension de surface préalablement à limpact des particules et létat des contraintes dans le revêtement.
• Outre ces aspects physico-chimiques, il convient de tenir compte des propriétés mécaniques des revêtements. La microdureté, la ténacité et les contraintes internes sont essentielles et doivent être prises en compte simultanément. La microdureté dun revêtement destiné à des applications tribologiques ne doit pas conduire à un revêtement trop fragile. Il conviendra donc dintervenir sur la ténacité du matériau. En outre, létat de contrainte du revêtement favorise, ou non, la propagation des fissures inhérentes aux sollicitations mécaniques du revêtement. Là aussi, linfluence des paramètres de projection est déterminante. Le refroidissement cryogénique mis en oeuvre pendant la projection de lAl2O3/TiO2 contribue aussi à faire chuter létat de contrainte dans le revêtement, ce qui, combiné au composé Al2TiO5 décrit ci-dessus, améliore considérablement les performances des revêtements.
• Cette expertise et cette mise en évidence de linfluence des paramètres sur les propriétés tribologiques des revêtements ont permis un certain nombre daméliorations de tribosystèmes existants, mettant en oeuvre, par exemple, du Mo/NiCrBSi, du WC/Co ou de Al2O3/TiO2. Les travaux de recherche ont aussi permis lélaboration de nouveaux matériaux destinés à des tribosystèmes non lubrifiés dont loriginalité consiste a intégrer un lubrifiant solide dans le revêtement.
Bernard Normand
LERMPS – UTBM Sévenans
Institut des Traitements de Surface de Franche-Comté
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