Trop longtemps tue, ignorée ou déformée, l’histoire des femmes tend à se faire discrète. Distinguer des figures féminines dans leur singularité est le moyen de lui donner corps et de s’opposer à une représentation lisse et convenue de la femme à travers le temps.
Comparatiste à l’université de Franche-Comté, Nella Arambasin a réuni dans un ouvrage des portraits en marge des places conventionnelles, des parcours de femmes disparates, mais tous inscrits dans l’histoire de la région.
C’est par le franchissement de frontières réelles ou symboliques que ces femmes ont réussi à se libérer des préjugés de leur époque et de leur condition sociale. Jenny d’Héricourt, qui osa dresser sa pensée philosophique contre les théories socialistes et libérales élaborées par les hommes de son époque au début du XIXe siècle ; Beatrix de Cusance, noble Bisontine du XVIIe siècle, dont l’aura culturelle rayonna sur l’Europe ; Huguette de Sainte-Croix, jugée hâtivement pour criminelle tant au XIVe siècle qu’en plein positivisme au XIXe ; ou encore les fillettes, qui, en s’attaquant à des travaux de terrassement et de remblayage dans les villages comtois, affirmèrent à la fois leur endurance physique et leur place dans la société des Temps modernes.
Du passé jusqu’à aujourd’hui, le témoignage de ces femmes révèle l’accomplissement même de leur histoire.
Arambasin N. (sous la direction de), Les affranchies : Franc-Comtoises sans frontières, Presses universitaires de Franche-Comté, collection « Annales littéraires de l’université de Franche-Comté », 2014.