La course à pied est l’un des sports les plus faciles à mettre en œuvre pour soigner sa forme. Accessible à tous, peu coûteux, praticable à la ville comme à la campagne, en mode lent ou rapide, c’est une activité plébiscitée par les amateurs et la base de nombreux entraînements pour la compétition.
De bonnes raisons pour Laurent Mourot d’en faire l’objet principal d’un nouveau projet : la mise au point de capteurs chargés d’assurer le suivi des coureurs, dans le but de prévenir des blessures trop fréquentes. Enseignant-chercheur à l’université de Franche-Comté avec la physiologie pour spécialité, directeur de la plateforme EPSI1, Laurent Mourot a reçu en octobre 2020 un très beau prix ANTA Sports2, récompensant les années de recherches menées avec son équipe et encourageant de nouveaux travaux. Son projet de capteur comporte des aspects fondamentaux impliquant notamment algorithmes mathématiques et intelligence artificielle, et un versant clinique pour des applications concrètes et accessibles au plus grand nombre. Il provoque aussi la rencontre entre plusieurs disciplines et réflexions complémentaires, des sciences du sport à l’ergonomie, des sciences humaines à celles de la santé, à l’image de la pratique d’un sport, qui lie le corps et l’esprit : les ressentis physiques, l’effort, le plaisir, la performance, la douleur parfois, la prise de conscience de son environnement, le pied qui foule l’herbe ou le bitume, le parcours emprunté, tout impacte la qualité de l’exercice.
Dans le projet en préparation, l’objectif est de recueillir des informations mécaniques et physiologiques dans un seul et même capteur, afin d’obtenir une information complète et synchronisée sur l’ensemble des paramètres qui entrent en ligne de compte. « Le capteur sera placé sur le thorax pour l’enregistrement de la fréquence cardiaque. La difficulté est de faire en sorte qu’il puisse aussi enregistrer des informations mécaniques comme la longueur du pas, la fréquence du mouvement ou la durée du contact du pied sur le sol, émises depuis des points d’impact éloignés et habituellement transmises par un capteur positionné en bas du corps », explique Laurent Mourot.
Le futur capteur aidera chacun à adapter sa pratique de la course à pied pour éviter les tendinites, inflammations et autres blessures touchant les articulations ou les muscles, qui concernent un coureur sur deux, quel que soit son niveau d’activité. Les informations délivrées seront également utiles aux kinésithérapeutes pour définir des protocoles de soins adaptés. « L’objectif au final est d’éviter l’apparition de blessures décourageant voire provoquant l’abandon du sport, et d’ajuster les programmes d’entraînement pour favoriser la pratique de la course à pied sur le long terme. »
Outre la reconnaissance qu’elle apporte à des travaux conduits depuis plusieurs années avec son équipe, le prix Anta Sports donne à Laurent Mourot des moyens supplémentaires pour mener à bien ce nouveau projet innovant, en collaboration avec l’université de Trente en Italie et l’entreprise finlandaise Movesense, qui fournit les capteurs embarqués servant de base à la recherche.