Université de Franche-Comté

La valeur des espaces agricoles en un coup d’œil sur une carte

Photo Pexels / Pixabay

 

Que vaut une terre agricole ? La réponse à cette question est importante pour la décision en matière d’aménagement du territoire. Des espaces occupés par l’agriculture sont consommés par les besoins de l’urbanisation ou de la construction d’infrastructures : l’estimation de l’intérêt de ces terres est donc appréciable, d’autant plus quand les décideurs souhaitent limiter la consommation de l’espace agricole.

C’est le cas dans le Territoire de Belfort, dont les 20 000 hectares de surface agricole représentent un tiers de la surface du département, après avoir régressé de 3 000 hectares ces 20 dernières années. Pour répondre à la demande de la Direction départementale des territoires (DDT) du Territoire de Belfort, et en collaboration avec elle, les chercheurs du laboratoire ThéMA ont élaboré en 2010 une carte de la valeur des espaces agricoles. Cet atlas, dont la mise à jour vient d’être effectuée, a été réalisé à l’aide d’un système d’information géographique (SIG) rassemblant différentes caractéristiques des espaces agricoles.

 

 

De nouveaux critères d’estimation

« L’idée était de dépasser les seuls critères de production agricole ou de rendement pour déterminer des valeurs d’un autre type », explique François Tourneux, enseignant-chercheur en géographie et coresponsable du projet avec son collègue Pascal Bérion, une équipe rejointe par la doctorante Maurine Perriot pour les récents travaux de mise à jour de l’atlas.
Quatre grands indices, construits sur la base d’une cinquantaine de paramètres chacun, ont ainsi été pris en compte pour appréhender la question : la qualité des sols, une dimension qui n’a que peu évolué en dix ans ; l’intérêt de la présence de l’agriculture sur ces sols pour l’environnement, un sujet à l’inverse beaucoup plus sensible qu’auparavant ; la structure et l’emplacement des parcelles, et ce que cette configuration représente pour la dynamique d’une exploita­tion ; les aides financières liées à la surface, notamment provenant de l’Europe par le biais de la politique agricole commune (PAC).

« Le but est de considérer l’ensemble du territoire de façon la plus objective et homogène possible, explique François Tourneux. La tâche se complique pour les terrains qui ne sont pas spécifiquement déclarés à la PAC, ou qui sont mal connus des directions départementales. Ces terres représentent près du dixième de la surface agricole, et nous ne disposons que de peu d’informations à leur sujet ».

La valeur d’une terre agricole est calculée à partir des trois premiers critères de quantification. La valeur environnementale est l’indicateur le plus déterminant pour 41 % des parcelles, ce taux élevé pouvant s’expliquer par une présence importante de zones humides sur le territoire. Elle inclut notamment l’intérêt que représentent ces terres agricoles pour le maintien des espèces végétales et animales. La valeur agropédologique, révélant la qualité des sols pour l’agriculture, est prégnante dans 25 % des cas. Associés, ces deux indices fondent la valeur de plus de la moitié des terres agricoles du Territoire de Belfort. La valeur de structure spatiale, qui reflète l’intérêt d’une parcelle dans l’ensemble de l’espace utilisé par une exploitation, est la plus importante dans 22 % des cas.
Les aides liées à la surface n’ont pas été retenues dans le calcul pour la synthèse finale, en raison du caractère évolutif de ces aides.
Utilisé notamment pour la préparation des documents d’urbanisme, l’atlas réalisé par les chercheurs de ThéMA procède d’une démarche originale qui intéresse d’autres départements, comme le Doubs, qui a également fait l’objet d’une édition spécifique, en cours d’actualisation.

Contact(s) :
Laboratoire ThéMA
UFC / UB / CNRS
François Tourneux
Tél. +33 (0)3 81 66 54 02
retour