Université de Franche-Comté

« La désindustrialisation, une fatalité ? »

couverture livre

    

Depuis le début des années 1970, l’industrie est en perte de vitesse en Europe, et plus encore en France et en Grande-Bretagne, où la population industrielle a depuis cette époque été divisée par deux.

Les raisons avancées pour expliquer ce phénomène dramatique générant chômage, instabilité financière et baisse de la qualité de vie sont nombreuses, mais pas toujours bien fondées ; elles puisent leurs sources à différents moments de l’histoire économique de ces dernières décennies, du choc pétrolier de 1973 à la crise de 2008, sans réussir à créer de consensus scientifique autour des origines de la désindustrialisation. Un signe sans équivoque de la complexité du problème, à qui des historiens de toute l’Europe apportent leur éclairage dans l’ouvrage La désindustrialisation : une fatalité ? codirigé par Jean-Claude Daumas, professeur d’histoire économique émérite à l’université de Franche-Comté.

Longtemps la désindustrialisation a été considérée comme un mal frappant les industries anciennes, alors qu’elle possède une face cachée, souvent ignorée : le décollage difficile des nouvelles industries, censées remplacer leurs aînées.

La destruction des unes et la création des autres sont deux processus ne se produisant pas à la même vitesse, ce qui remet totalement en cause l’avènement de la société postindustrielle espérée après l’effondrement de l’industrie des Trente glorieuses, où les fleurons de naguère, chimie, sidérurgie, aluminium…, devaient céder la place à des activités et des emplois tertiaires de haut niveau.

Retraçant l’histoire économique de la France, les auteurs analysent comment l’argument souvent avancé d’un euro fort masque sans doute des coûts de production trop importants par rapport aux autres pays, apportant la preuve de l’efficacité limitée de dévaluations passées, dénoncent un mode de gestion centralisé de la R&D inadapté aux besoins des marchés, expliquent «? la spirale de compétitivité descendante?» qui affecte les entreprises, enfin décryptent le paradoxe selon lequel 20 à 40?% des entreprises se plaignent d’une pénurie de main d’œuvre quand plus de 20?% des jeunes de moins de vingt-cinq ans sont au chômage. Un bilan sombre, mais pas fataliste, laissant émerger des pistes concrètes pour lutter contre le désamour dont souffre aujourd’hui l’industrie en France.

 

Daumas J.- C., Kharaba I., Mioche P., La désindustrialisation : une fatalité ?, PUFC, mai 2017

 

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