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Ils viennent de Fribourg et de Sarrebruck, de Limoges, Paris, Rouen et Besançon, pour former une équipe franco-allemande de spécialistes du sport. Rendez-vous au stade pour ces historiens et littéraires, dont le challenge de recherche est précisément d’étudier les différentes réalités de ce lieu sportif par excellence. Car le stade entraîne, dans le sillage du sport, de grands pans de société comme la culture, l’urbanisme, le patrimoine ou encore la consommation. Autant de facettes que le projet ANR-DFG ARENES veut explorer depuis la fin du XIXe siècle jusqu’à nos jours. Ce programme de recherche de trois ans (2023-2025) fait l’objet d’un financement binational1.
Alimenté à la fois par la consultation d’archives et par des investigations sur le terrain, il se conclura notamment par la publication d’un atlas historique témoignant de la vie des stades en Europe : de Madrid à Londres, de Milan à Berlin, des vélodromes de la fin du XIXe siècle aux stades d’aujourd’hui, qui comprennent au sens large les halles de sport, les pistes d’athlétisme, les courts de tennis, les salles de boxe et toute autre installation d’envergure.
Vue générale du parc des princes, 1932. Photo Agence de presse Mondial Photo-Presse
Au nombre des sujets de recherche : l’intégration des équipements sportifs à des espaces urbains en construction ; le changement de destination des installations au fil du temps ; le stade comme lieu, tour à tour, de construction d’une société du spectacle, de production et de transgression de valeurs éthiques, de médiatisation ou de politisation des événements sportifs ; la place des femmes, des tribunes à l’arène ; les liens entre stade, cinéma et littérature…
Concernant ce dernier thème, on apprendra par exemple comment la Fédération française de football, dirigée par la bourgeoisie dans les années 1920, a voulu donner des lettres de noblesse à ce sport populaire en créant un concours littéraire ; le poète Maurice Carême y participa, pour ne citer que lui. Littérature encore avec Albert Camus, tout juste auréolé de son prix Nobel, confiant lors d’une conférence au Parc des Princes en 1957 comment les terrains de football furent pour lui un lieu d’apprentissage de la vie, alors qu’adolescent il était gardien de but du Racing universitaire d’Alger. On verra comment ce fameux Parc des Princes fut édifié à la Belle Époque pour des courses de cyclisme, avant d’être entièrement rénové en 1932, puis en 1972, pour une reconversion dans le football…
Directeur du Centre Lucien Febvre à l’université de Franche-Comté, porteur français du projet, Paul Dietschy remarque : « L’évolution des stades présente des particularités en fonction du contexte dans lequel ils sont nés. En Grande-Bretagne, ils ont tout de suite été la propriété de clubs privés ; en Italie, beaucoup ont été bâtis sous le fascisme ; en France, d’abord constructions municipales, ils se développent aujourd’hui grâce à des partenariats public / privé. Leur naissance est un premier élément d’influence sur leur histoire »… Rendez-vous en 2025 pour le colloque organisé à Besançon, qui marquera un point final à cette recherche originale et à la rédaction de l’atlas.
