Les Journées d’histoire industrielle s’attachent à réunir de nombreux acteurs autour d’un pôle de recherche en histoire industrielle, économique et sociale, sur un périmètre englobant le Sud Alsace et le Nord Franche-Comté. Tous les deux ans, un colloque donne l’occasion de faire le point des recherches universitaires en la matière, sur un thème en lien avec des problématiques de terrain. L’ouvrage Communication et entreprises, XVIIIe – XXIe siècles, reprend les contributions du colloque éponyme de 2016 ; il est publié sous la direction de Régis Boulat et de Laurent Heyberger, tous deux enseignants-chercheurs en histoire contemporaine, le premier à l’université de Haute-Alsace / CRESAT, le second à l’UTBM / Institut FEMTO-ST, équipe RÉCITS.
La communication des entreprises, qu’elle porte sur leurs produits et services ou sur leur nom, à l’interne comme à l’externe, a toujours pris des voies multiples, s’adaptant à l’évolution des marchés, des technologies et des législations. Depuis plus de trois siècles, si des concepts clés tels que réputation, image de marque ou stratégie de conviction demeurent des fondements de toute communication, il est peu de dire que le domaine rencontre de véritables mutations, foisonnant d’exemples pour illustrer cette évolution. Sous la plume d’historiens spécialistes d’une période, d’un secteur d’activité, d’une entreprise, le livre recense des études de cas suffisamment différentes et complémentaires pour dérouler le fil de la communication des entreprises à travers le temps.
Les auteurs racontent ainsi comment une loi visant à protéger le consommateur a favorisé dès le XVIIIe siècle l’apparition de marques de fabrique sur les indiennes, ces tissus peints ou imprimés en Europe dont la toile de Jouy est un exemple célèbre, préfigurant l’apparition des marques, logos et autres signes distinctifs dans un secteur du textile bientôt en pleine expansion ; comment la communication des fabricants de cognac était destinée aux intermédiaires de la vente avant de s’adresser directement au consommateur, en vertu d’une loi de 1857 portant sur le droit des marques ; à quel titre la canne à sucre et la betterave se sont disputé le marché du sucre au XIXe siècle, ou encore la façon dont le goût du roquefort s’est imposé au monde, grâce à un discours axé sur les notions de territoire, de savoir-faire et de modernité ; comment l’entreprise Cételem a réussi à s’imposer comme leader des crédits à l’électroménager dans la France des années 1960, en substituant au concept désavoué de « crédit à la consommation » celui, empreint de modernité, de « crédit à l’équipement des ménages »… Communication et entreprises cheminent ensemble depuis des siècles ; cet ouvrage est à l’image de cette évolution, multiforme.