La revente d’électricité produite par les panneaux photovoltaïques sur le toit de sa maison est une option qui a fait son temps. Aujourd’hui, la tendance est à l’autoconsommation collective de l’électricité issue de l’énergie renouvelable, en combinaison avec d’autres sources. Le mix ainsi composé appelle à une gestion fine pour ajuster au maximum l’offre et la demande, et privilégier les productions renouvelables locales.
Enseignants-chercheurs en informatique à SUPMICROTECH / Institut FEMTO-ST, Jean-Marc Nicod et Christophe Varnier collaborent au développement d’un logiciel pour élaborer des clés de répartition de l’énergie : grâce à ces outils, les titulaires de contrats pourront bénéficier de la façon la plus juste possible des tarifs avantageux de l’énergie verte. Ces travaux de recherche sont menés avec la doctorante Fatma Blagui, et en partenariat avec la société OYO Communities1 à Fontain (25), où la jeune chercheuse effectue actuellement une thèse CIFRE.
« Le calcul des clés de répartition est fait a posteriori, quart d’heure par quart d’heure, pour encourager une consommation plus vertueuse et des factures plus légères. Il s’agit de trouver la bonne manière pour que l’électricité produite localement, qui se révèle être la moins coûteuse, soit consommée intégralement », expliquent les chercheurs.
Particuliers, petites et grandes entreprises, services publics, les détenteurs de contrats collectifs n’ont pas tous les mêmes habitudes de consommation. L’objectif de la recherche est aussi de déterminer comment former la bonne communauté sur un secteur, entre des particuliers présents à leur habitation surtout en soirée et le week-end, une entreprise qui fonctionne sur la journée, une autre en 3 x 8, une administration ouverte aux horaires de bureau, et un hôpital qui a besoin d’électricité jour et nuit, sept jours sur sept : une configuration parmi tant d’autres possibles.
Les membres de la communauté sont, ou non, producteurs d’électricité verte. Différents fournisseurs d’énergie entrent dans le schéma de fonctionnement collectif, de même que le distributeur Enedis. La facturation des participants à l’opération d’autoconsommation collective est supervisée par une société telle qu’OYO, pour qui le logiciel développé avec FEMTO-ST s’avère particulièrement pertinent.
« Les recommandations ou le pilotage dynamique de la consommation des clients, en lien avec les prévisions de consommation et de production, sont une option qui devrait être disponible également dans le logiciel de la société. Cela donnera la possibilité aux membres de la communauté d’adapter leur consommation selon ces données, voire de programmer certaines activités à l’avance. » C’est l’exemple type de la lessive à décaler à certaines heures de l’après-midi, ou celui du rechargement d’une voiture électrique à programmer hors des pics de consommation, ou lorsqu’un risque de surproduction est annoncé.
L’application fournit également des suivis de consommation, qui, compilés en historiques, offrent d’autres variables d’ajustement.
Actuellement en production, le logiciel est conçu de façon à ne pas dépasser une certaine complexité, pour éviter des calculs trop lourds. Il mobilise différentes compétences de la part des chercheurs, à la croisée entre sciences des données, recherche opérationnelle, optimisation et algorithmique.