En mission d’observation depuis 2013 dans la Galaxie, le satellite Gaia a récemment offert aux chercheurs une découverte capitale : il y a 2 à 3 milliards d’années, la Voie lactée dans laquelle notre planète gravite a vu se former plus de 50% des étoiles qu’elle abrite aujourd’hui. Ce phénomène est interprétable grâce à une combinaison de paramètres relayés par le satellite, comme la distance, la couleur, et la luminosité de plus de 3 millions d’étoiles dans l’environnement solaire. Toutes ces propriétés sont ensuite comparées au « Modèle de la Galaxie de Besançon » 1, référence mondiale créée et développée depuis les années 1980 par l’équipe de l’astrophysicienne Annie Robin à l’Observatoire de Besançon.
Si le projet Gaia de l’Agence spatiale européenne est orchestré par plus de 400 scientifiques et ingénieurs depuis son lancement, cette avancée pour la discipline a été mise au jour par les chercheurs de l’Institut des sciences du cosmos de l’université de Barcelone, de l’Observatoire de Besançon et de l’Institut UTINAM.
Cette fois, et contre toute attente, le satellite a montré que la Voie lactée a connu un « baby-boom stellaire » il y a 3 milliards d’années, alors que la quantité de gaz interstellaire nécessaire à la formation des étoiles était pourtant en train de s’épuiser. « Il est possible que la fusion avec une galaxie satellite de la Voie lactée, riche en gaz, ait fourni un nouveau combustible et réactivé le processus de formation stellaire », explique Annie Robin. Cette hypothèse tendrait donc à confirmer les modèles cosmologiques qui prédisent que l’expansion de notre galaxie serait liée à des fusions avec d’autres galaxies. C’est ce que précise Roger Mor, doctorant en astrophysique à Barcelone : « La Voie lactée ne s’est pas développée de manière constante. Les données d’une précision inédite fournies par Gaia nous ont permis de découvrir les mécanismes qui ont régi l’évolution du disque de notre galaxie pendant plus de 10 milliards d’années ». L’interprétation de cette grande quantité de données révolutionnaires a été rendue possible par un volume de calculs très important.
Le projet Gaia dépasse donc frontières et orbites afin de permettre aux spécialistes de reconsidérer l’histoire et l’évolution perpétuelle de notre galaxie.
1 Reconnu et utilisé par la communauté scientifique, il est le seul au monde à synthétiser toutes les connaissances sur les objets célestes de la Galaxie.