La photophérèse extracorporelle (PEC) est une méthode thérapeutique de régulation du système immunitaire, efficace contre certains cancers et pathologies liées aux conflits entre donneur et receveur dans un contexte de greffe. Elle est employée d’emblée en traitement de certains lymphomes cutanés avancés et des maladies du greffon contre l’hôte (GVH) résistantes aux corticoïdes. La GVH est une complication qui peut survenir après la greffe de cellules sanguines d’un donneur chez un patient, ce type de greffe étant réalisé le plus couramment dans le traitement des leucémies aiguës.
La photophérèse extracorporelle fait les preuves de son efficacité depuis 30 ans, sans toutefois que les processus impliqués soient totalement décryptés. Hématologue au CHU de Besançon, Étienne Daguindau consacre son temps de recherche au sein du laboratoire RIGHT à la compréhension des processus immunologiques de la GVH. Ses recherches, associées aux travaux précédents de l’équipe RIGHT, amènent à l’étude des mécanismes de mort cellulaire générés par la PEC et de leurs effets sur les cellules immunitaires actrices de la GVH. Ce projet de recherche original vient d’être récompensé par le prix international Mallinckrodt ¹ 2020, doté de 50 000 euros. Ce prix a été remis au Dr Daguindau lors du dernier congrès de l’EBMT (Société européenne pour la transplantation de moelle osseuse). La photophérèse extracorporelle consiste à prélever par aphérèse ² des leucocytes dans le sang d’un patient, à les irradier par UVA après photosensibilisation grâce une molécule, le méthoxsalène, puis à réinjecter ces cellules dans le système veineux du patient. La modification des leucocytes par PEC favorise l’émergence dans le sang de cellules régulatrices agissant sur l’ensemble du système immunitaire. « On constate alors une bonne résolution de l’inflammation et une réparation des tissus satisfaisante : ce sont les phénomènes qui se produisent lors du traitement des lymphomes cutanés ; on observe aussi une plus grande tolérance du système immunitaire greffé envers le receveur, ce qui permet d’éviter les complications lors d’une allogreffe de moelle. » Directement impliqué dans les processus à l’œuvre, le phénomène d’apoptose, avec différents scénarios possibles de mort cellulaire, est au cœur des travaux de l’équipe de recherche à laquelle le Dr Daguindau est associé.
La photophérèse extracorporelle est pratiquée dans les centres hospitaliers universitaires spécialisés avec une expertise sur l’aphérèse. Malgré un coût pour l’instant relativement élevé et quelques contraintes de mise en œuvre, ce traitement dit « immunorégulateur » apparaît d’un intérêt majeur : une efficacité probante, une excellente tolérance, des effets secondaires rares et peu sévères, et en particulier des risques d’infection moindres comparés à ceux que peuvent provoquer des traitements de GVH plus classiques, comme les médicaments immunosuppresseurs et les corticoïdes.