Contrairement aux idées reçues, l’intelligence n’est pas fixe et immuable. Elle se construit et se modifie au fil du temps, au travers de l’apprentissage et de l’expérience. C’est ce qu’explique Rémi Dorgnier aux élèves de primaire lorsqu’il les rencontre dans leur classe.
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Rémi Dorgnier est post-doctorant en psychologie à l’UMLP / laboratoire LINC. Les études expérimentales qu’il a réalisées sur le terrain et développées dans sa thèse1 démontrent l’importance pour les élèves d’avoir conscience de la malléabilité de leurs capacités et de la plasticité de leur cerveau. Non, le cerveau de Jules n’est pas moins bien fait que celui de Tom. Non, on n’est pas naturellement bon ou mauvais en maths, et les difficultés ne sont pas une fatalité… C’est à peu près ce langage que le chercheur tient aux élèves de CM1 et CM2, à partir des preuves scientifiques établies par les sciences cognitives ces vingt dernières années.
« L’objectif est d’encourager une posture dynamique face à l’apprentissage, en insistant sur le rôle de la persévérance dans le développement des compétences. Il s’agit de montrer aux élèves que les efforts d’apprentissage renforcent les connexions synaptiques, processus-clé de la neuroplasticité », explique Rémi Dorgnier. Dans les apprentissages scolaires comme dans la pratique d’un sport ou d’un instrument de musique, persévérer est un facteur de progression : le comprendre permet aux élèves de mesurer la valeur de l’effort. Par ailleurs, considérer que l’erreur est une étape constructive du processus d’apprentissage, plutôt qu’un échec, contribue à diminuer l’anxiété et à favoriser l’engagement. Des perspectives qui aident à améliorer la motivation et la résilience des élèves face aux difficultés.
Dans une seconde étape, il est essentiel de proposer des outils concrets aux élèves pour améliorer leurs capacités de mémorisation. Certaines méthodes sont plus performantes que d’autres : l’imagerie mentale, couplée à la référence à soi, s’avère par exemple plus efficace que la répétition pour apprendre de nouveaux contenus. « Il s’agit de transformer les informations à retenir en images mentales personnelles et vivantes. Un élève mémorisera mieux un poème en se représentant mentalement les scènes décrites, encore plus s’il les ancre dans son environnement familier. Ces procédés favorisent une meilleure rétention en activant simultanément plusieurs aires cérébrales impliquées dans la mémoire. »
Ces constats et méthodes issus des recherches en sciences cognitives permettent de modifier l’état d’esprit des élèves, de le rendre plus positif et encourageant. Ces résultats ont en partie donné lieu à publication scientifique dans The journal of Educational Research, en novembre 2024, et font l’objet du développement de l’application Metamind, à destination des élèves et de leurs enseignants.