Taxe carbone ou système d’échange de quotas d’émissions ? Depuis bientôt vingt ans, les États se dotent les uns après les autres de ces deux instruments de tarification du carbone. En fixant un prix à la valeur associée à l’émission d’une tonne de CO2, à travers la mise en place d’une taxe, ils veulent inciter les décideurs à opter pour des énergies plus propres.
Éoliennes – Photo Thomas G. – Pixabay
Les marchés du carbone ont forcément à voir avec les marchés de l’électricité, une relation que Vincent Bertrand, enseignant-chercheur en économie de l’énergie à l’UMLP (UFR STGI, Belfort) / CRESE, met au premier plan de ses recherches. Dans cette équation interviennent également les énergies renouvelables, dont le recours s’intensifie pour les besoins de la transition énergétique. « Une question cruciale aujourd’hui est celle du changement d’échelle qui s’opère, entre le développement de productions électriques locales et l’existence d’un réseau électrique centralisé. » Si les lignes à haute tension, transportant le courant électrique d’une centrale de production jusqu’au réseau de distribution, font toujours partie du paysage, il faut leur ajouter l’électricité produite localement, dont une partie au moins est également envoyée sur le réseau public de distribution de l’électricité.
Une nouvelle donne impliquant de trouver des solutions pour adapter le réseau comme pour gérer la production électrique locale et intermittente, un jeu d’équilibre pour lequel l’analyse économique prend en compte les comportements des consommateurs /producteurs à travers les aspects tarifaires. Les travaux de Vincent Bertrand se focalisent ainsi sur les interactions possibles entre l’autoconsommation collective en électricité, plus communément connue sous le terme « communautés d’énergie », et le réseau de distribution électrique.
Énergie solaire – Photo atimedia – Pixabay
Le chercheur s’intéresse également à d’autres aspects économiques de la transition énergétique, notamment à la problématique du stockage des surplus d’électricité.
« L’une des solutions étudiées pour assurer le stockage des surplus est de transformer l’électricité en chaleur, de stocker cette chaleur via des sels fondus, puis de la reconvertir en vapeur pour alimenter des centrales électriques, notamment celles qui fonctionnent actuellement au charbon. »
C’est là une option qui pourrait être retenue dans la composition du mix énergétique de demain, et une solution pour allonger la durée de vie des centrales nucléaires existantes.
« La flexibilité n’est pas la qualité première d’une centrale nucléaire, qui s’use plus vite si on lui fait suivre les variations de la demande d’électricité. En optant pour une production stable des centrales nucléaires, et en s’appuyant sur un dispositif de production basé sur le stockage pour suivre les variations résiduelles de la demande, on allonge leur durée de vie », explique Vincent Bertrand.
Les sels fondus, les stations de transfert d’énergie par pompage (STEP), les batteries, l’hydrogène figurent parmi les solutions qui peuvent être employées pour assurer ce stockage. C’est à nouveau une question d’équilibre, à étudier sous un angle économique autant que technique, en comparant la valeur ajoutée de chacune des technologies pressenties.
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Composition du mix énergétique, gestion de la production, stockage de l’électricité, mobilité bas carbone…, la problématique de l’énergie est immense, amplifiée par les bouleversements liés au changement climatique. Pour favoriser les interactions autour de ce sujet de premier plan, le Réseau EDEN.i est né en 2021 à UMLP, alors encore université de Franche-Comté, à l’initiative de Vincent Bertrand. Cette expérience unique dans le paysage académique réunit des chercheurs en économie et en droit de différentes universités, tous spécialistes de l’énergie. EDEN.i est un point de rencontre entre la recherche, l’entreprise et la société, ayant pour ancrage le Nord Franche-Comté, territoire d’élection de nombreuses entreprises des filières énergétiques, nécessairement confrontées à des mécanismes de marché inédits et à de nouvelles réglementations.
Le réseau organise régulièrement des événements pour favoriser les échanges autour de questionnements en droit et en économie de l’énergie, la diffusion d’informations ou encore l’émergence de projets de recherche, par exemple lors des Matinées de la transition énergétique dans un contexte industriel, qui se tiennent en particulier dans les locaux de CCI de Belfort, partenaire du réseau. En plus de ces rencontres, deux publications autoéditées aident à diffuser, de façon accessible, des propos souvent très techniques. Research Briefs propose des contenus de recherche et Lettres du réseau EDEN.i des actualités, des informations sur des projets, et des débats.
