Si la nouvelle, genre littéraire souvent mésestimé, voire décrié, a longtemps été ignorée par la recherche, elle était une passion pour René Godenne, qui lui a consacré sa vie entière d’universitaire. Sous la codirection d’Yvon Houssais, enseignant-chercheur en langue et littérature françaises à l’université de Franche-Comté / laboratoire ELLIADD, et lui-même spécialiste du genre, le livre Le bibliophile du bref rend hommage au chercheur inlassable, et derrière lui à l’homme de cœur, disparu en 2021.
Des nombreux ouvrages que René Godenne a publiés, La nouvelle française, paru en 1974 puis réédité en 1990, est l’un des plus marquants, connu pour proposer une synthèse historique et unique sur le genre. L’universitaire estimait qu’élaborer des théories scientifiques n’allait pas sans avoir une vue d’ensemble d’un sujet, un argument qui l’a amené à rédiger, collectionner et classifier des milliers de fiches sur les nouvelles en langue française, sur leurs auteurs, leurs éditions, leurs commentaires critiques…
« Il est le seul jusqu’à présent à avoir tenté un relevé bibliographique aussi complet sur une période de plusieurs siècles, offrant un outil indispensable à tous les futurs historiens de la nouvelle. Ses répertoires, suppléments bibliographiques, études sur la nouvelle couvrent une période de plusieurs siècles puisqu’ils s’étendent du XVIIe siècle à nos jours, ce qui constitue une base énorme de travail, riche de plusieurs milliers de références », exposent en préambule les auteurs du Bibliophile du bref.
Les premiers textes de ce livre collectif sont personnels, évoquant la rencontre de leurs auteurs avec « le pape de la nouvelle », comme René Godenne se surnommait avec humour, avant d’être relayés par des chapitres d’ordre scientifique, témoignant de l’apport de son œuvre bibliographique et littéraire pour la recherche universitaire, sans oublier de mentionner les auteurs qu’il a particulièrement aimés et étudiés.