Université de Franche-Comté

Nos sens en tous sens !

La musique adoucit les mœurs et fait bien plus encore

Depuis toujours l’homme est en contact avec la musique : celle du vent dans les arbres, d’une cascade d’eau sur les rochers…, puis celle qu’il crée lui-même à partir de cordes et de peaux, et enfin celle de sa voix lorsqu’il se met à chanter.

De tout temps et sous toutes les latitudes, la musique a été utilisée pour soulager les maux du corps comme ceux de l’esprit, et si la musicothérapie est mise en sourdine à certaines époques dans les pays occidentaux, c’est pour mieux renaître dans les années 1950, comme en France, où elle est aujourd’hui pratiquée dans de nombreux centres cliniques.

À l’université, son enseignement reste cependant encore confidentiel dans les sections de musicologie. Les étudiants de l’université de Franche-Comté peuvent se réjouir de compter parmi les privilégiés et de bénéficier des cours du musicothérapeute Florent Puppis, qui explique que « la musicothérapie utilise, comme vecteur des émotions, la vibration sonore. D’un point de vue scientifique, c’est l’étude, la recherche du rapport entre le son et l’être humain. D’un point de vue thérapeutique, c’est l’utilisation judicieuse du son, de la musique afin de maintenir et améliorer la santé mentale, physique et émotionnelle ». Les études scientifiques ont prouvé les améliorations que peut apporter la musicothérapie sur l’anxiété comme sur la douleur, de ses bienfaits en termes de qualité de vie ou d’adoucissement des symptômes de personnes atteintes de schizophrénie, d’autisme, de la maladie de Parkinson… Ses ressorts sont utiles en psychiatrie, en gériatrie, dans les maladies de dépendance, le handicap, les troubles du sommeil…

« Il n’existe pas de bonne et de mauvaise musique, de bons ou mauvais sons. Le ronronnement d’un chat peut être apaisant comme insupportable : tout dépend de l’état émotionnel ou de santé dans lequel on se trouve. » En tout état de cause, la capacité de l’être humain à ressentir des émotions en présence de musique se limite à trois types d’écoute : la première est intellectualisée — j’aime ou pas —, la deuxième appartient au domaine du souvenir et de l’affect, et la troisième, hypnotique, varie de l’extase musicale à la transe, où le sujet perd la notion de tout ce qui l’entoure.

Nourrie de ces connaissances fondamentales, la musicothérapie prend un aspect très concret avec la pratique d’instruments que le thérapeute adapte à son public et selon l’objectif recherché, et que l’étudiant en musicologie complète de ses propres pratiques instrumentales. Des séances auxquelles peuvent activement participer les patients, exprimant sous forme d’« images sonores » des émotions difficiles à formaliser ou verbaliser.

Le son dans la peau

Le bruit, c’est de l’énergie. Pour réussir à le mettre en veilleuse, on peut l’absorber dans une mousse où cette énergie va se dissiper sous forme de chaleur ; on peut aussi l’isoler et le renvoyer d’où il vient. L’envoi d’autres ondes acoustiques munies d’une autre énergie contrecarre la propagation du bruit indésirable. Ces interférences destructives doivent être parfaitement contrôlées pour éviter les dérapages du type effet Larsen. Le schéma le plus simple et le plus stable pour parvenir à maîtriser la bataille acoustique se construit localement autour d’un couple microphone / haut-parleur. Le microphone capte l’information acoustique émise à proximité et déclenche le haut-parleur qui émet une onde en riposte. Dans une approche plus globale, toute une série de capteurs remplissent ce rôle pour le pilotage d’un champ acoustique beaucoup plus large. Ce procédé pose cependant des limites en termes de stabilité, et n’est actuellement développé qu’en laboratoire.

C’est un positionnement intermédiaire que les spécialistes des questions de vibration et d’acoustique ont choisi d’affirmer au département Mécanique appliquée de l’Institut FEMTO-ST : celui d’une approche locale distribuée, comme l’explique Emmanuel Foltête. « Nous multiplions le nombre de capteurs pour obtenir une information acoustique plus importante et couvrir un champ spatial plus vaste. Ici deux microphones renseignent et pilotent un même haut-parleur. » L’originalité du procédé réside aussi, et peut-être surtout, dans le fait que le contrôle du bruit s’effectue à l’interface entre deux milieux, l’un aérien et l’autre solidien, c’est-à-dire lié à une structure : actionneurs et haut-parleurs sont intégrés à la surface de la matière, dans ce qu’il est convenu d’appeler une « peau active ». Ces systèmes sont très performants pour neutraliser les grandes ondes, correspondant à des bourdonnements comme le ralenti d’une voiture. Ils laissent libre cours à l’imagination dans la mise au point de matériaux actifs, de la piste d’avion qui absorberait une partie du bruit lors d’un décollage, au papier peint susceptible d’insonoriser une pièce par lui-même.

La technologie n’en est pas là, mais ses résultats sont déjà très probants. Les deux démonstrateurs mis au point à FEMTO-ST ces dernières années ont enregistré des réductions de bruit de l’ordre de 8 à 20 décibels. Un démonstrateur de troisième génération est en cours de réalisation en partenariat avec la société AIRCELLE (SAFRAN), pour confiner le bruit des moteurs d’avion dans leur enveloppe.

 

 

 

 

 

 

 

Article extrait du n° 260, septembre-octobre 2015 de en direct.

retour