En l’état actuel des connaissances liées à l’apparition d’un nouvel agent infectieux encore inconnu il y a quelques mois, il est difficile pour les scientifiques de prévoir l’évolution de la pandémie mondiale due à la COVID-19. Pour répondre aux différents scénarios possibles, les chercheurs travaillent d’arrache-pied à relever deux défis majeurs : mettre au point un vaccin pour protéger les populations et casser la transmission virale, et trouver des traitements pour soigner la maladie.
C’est sur ce second levier qu’interviennent à l’université de Franche-Comté les chercheurs du laboratoire EPILAB, sous la direction du Pr Georges Herbein : « Les infections virales constituent l’un des axes de recherche du laboratoire depuis plus de dix ans. Comme d’autres équipes en France, il s’agit aujourd’hui de rediriger une partie de notre travail vers la mise au point d’un traitement contre la COVID-19 ». Les scientifiques s’appuient notamment sur leur grande connaissance du VIH, un virus à génome ARN, comme l’est le coronavirus. Les expériences réalisées in vitro sont conduites à partir d’un autre coronavirus que celui qui est directement responsable de la maladie : comparable mais moins dangereux, il suffit à tester dans un premier temps l’efficacité des traitements antiviraux en cours d’élaboration.
Une première phase de la recherche a mis à l’épreuve une vingtaine de molécules disponibles sur le marché et déjà utilisées à des fins thérapeutiques. Trois d’entre elles ont été sélectionnées pour leur efficacité sur le coronavirus en même temps que leur innocuité pour les cellules. Cette recherche récemment terminée est actuellement soumise à un comité d’experts en vue d’une publication scientifique, et ses résultats devraient être communiqués dans les prochaines semaines.
En apprenant tous les jours un peu plus sur la façon dont le virus se multiplie dans les cellules, les chercheurs d’EPILAB s’apprêtent désormais à passer à une nouvelle phase de leurs travaux. « Une molécule thérapeutique agit habituellement sur une seule étape du cycle de réplication virale. C’est la raison pour laquelle les bi- ou trithérapies sont plus efficaces pour lutter contre un virus comme le VIH, et cela sera le cas contre la COVID-19 sans doute également », explique Georges Herbein.
Les trois molécules d’intérêt sélectionnées vont donc à présent faire l’objet de modifications et de combinaisons en vue d’optimiser leur effet sur la COVID-19. En parallèle, la création de molécules chimiques spécifiques au traitement de la maladie est également à l’ordre du jour. « À ce stade de nos travaux, la contribution de spécialistes d’autres disciplines, comme les chimistes et les pharmaciens, va devenir indispensable. La solidarité n’est pas un vain mot en cette période de crise, et elle existe aussi de façon appréciable à l’université. » En témoigne l’investissement des chercheurs, mobilisés 7 jours sur 7 depuis maintenant plusieurs mois, que Georges Herbein n’oublie pas de saluer.