Université de Franche-Comté

Secrets de comètes

En 164 avant J.-C., deux tablettes babyloniennes relatent un phénomène bien peu habituel repéré dans le ciel mésopotamien. C’est l’un des premiers témoignages de l’observation d’une comète, identifiée des siècles plus tard comme la comète de Halley. Une aventure comme bien d’autres contées dans l’ouvrage Les comètes et leurs secrets.

 

 

La comète de Halley

Exceptionnellement brillante, la comète Hale-Bopp reste l’une des plus belles de ces dernières décennies. © R. Bettinelli, mars 1997.

La comète de Halley doit son nom à un astronome de génie, Edmund Halley, qui fut le premier à élaborer des calculs pour déterminer son orbite. Des calculs incluant les préceptes de la toute récente théorie de la gravitation de Newton. Halley prédit le prochain passage de l’astre, avec raison, pour la fin de l’année 1758. Aucun des deux scientifiques ne vécut malheureusement assez longtemps pour se réjouir de cette éclatante démonstration de leurs hypothèses. La comète de Halley, elle, répète inlassablement son voyage elliptique à travers les siècles, selon une période de 76 ans. Elle devient définitivement la plus célèbre représentante de son espèce lorsque, en 1986, son retour à proximité du Soleil est l’occasion de tester la toute première sonde d’exploration cométaire de l’Agence spatiale européenne (ESA). Pour la première fois, des informations sont recueillies au voisinage
d’une comète. L’événement suscite un en­gouement scientifique et médiatique sans pré­cédent. Si l’historique de l’observation de la comète de Halley illustre nombre de croyances, de questionnements et d’avancées scientifiques sur le sujet, d’autres éléments encore nourrissent cette connaissance.

 

Des astres fascinants

couverture de l'ouvrageSous la plume de Philippe Rousselot, astrophysicien spécialiste de l’étude des petits corps du système solaire, direc­teur de l’Observatoire des sciences de l’univers de Besançon, l’ouvrage Les comètes et leurs secrets propose d’explorer le monde de ces astres fascinants, et de suivre l’évolution des techniques et des savoirs scientifiques qui ont permis de percer leurs mystères. « L’étoile chevelue » des Égyptiens de l’Antiquité se révèle être un noyau solide et sombre de quelques kilomètres de diamètre, dont la chevelure (coma) longue, elle, de milliers de kilomètres, se divise en deux parties bien distinctes dans le ciel : d’un côté, des grains de poussière microscopiques, repoussés par la pression de la radiation solaire, et qui donnent un effet de halo gazeux ; de l’autre du plasma, créé à partir de molécules issues du noyau et dont les électrons, là encore sous l’effet du rayonnement solaire, ont été arrachés et transformés en ions générant une longue traînée bleutée.

Du côté des techniques, la lunette de Galilée de 1609 laisse place à des télescopes d’une incroyable sensibilité, capables de collecter deux millions de fois plus de lumière que l’œil humain, qui sera analysée par spectroscopie pour déterminer la composition chimique des comètes. L’observation depuis la Terre se double d’explorations spatiales : la sonde européenne Rosetta représente un tournant dans cette aventure, ayant pour la première fois permis une observation longue et rapprochée d’une comète. De 2014 à 2016, Rosetta est placée en orbite à une dizaine de kilomètres seulement du noyau de la comète 67P, sur lequel est envoyé, avec les difficultés que l’on sait, l’atterrisseur Philae. Il faudra encore plusieurs années aux scientifiques pour analyser les informations envoyées sur Terre par Rosetta et contribuer ainsi encore un peu plus à la connaissance des comètes, et par là même de la formation du système solaire.

Rousselot P., Les comètes et leurs secrets – De l’Antiquité à Rosetta, Éditions Ellipses, 2018

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