Aborder la question de la fin de vie est un exercice périlleux à une époque et dans une société où l’on a tendance à tout faire pour gommer de nos vies l’idée de la finitude. Dans leur ouvrage sobrement intitulé La fin de vie, Gian Domenico Borasio et Régis Aubry remportent ce pari avec la sensibilité et la bienveillance dont on imagine combien elles doivent les caractériser aussi dans l’exercice de leurs fonctions. Gian Domenico Borasio est professeur de médecine palliative à l’université de Lausanne et chef du service de soins palliatifs et de support au Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV). Régis Aubry est chef du service de soins palliatifs du CHRU de Besançon, directeur de l’espace de réflexion éthique Bourgogne – Franche-Comté, et ancien président de l’Observatoire national français sur la fin de vie.
« En ne montrant pas la réalité, voire en la masquant, notre société moderne aboutit à un résultat opposé au but qu’elle poursuit : elle augmente l’angoisse de la mort et contribue à diffuser ses fausses représentations », remarquent les auteurs, qui proposent une toute autre façon de considérer la vie et la mort. Et expliquent que la médecine palliative, malgré les progrès accomplis, aspire à être mieux reconnue. Trop souvent associée au seul traitement de la douleur, sa définition même est restrictive. En réalité la médecine palliative englobe les trois besoins fondamentaux des personnes en fin de vie : la thérapie médicale, le soutien psychosocial et l’accompagnement spirituel. « La philosophie de la médecine palliative remonte à des racines très anciennes de la médecine, que nous a fait oublier le virage technologique et scientifique pris dans la seconde moitié du XXe siècle. »
C’est en prenant toute sa dimension qu’il faut davantage intégrer la discipline dans la formation des médecins et des étudiants, favoriser les rencontres entre praticiens et soignants, encourager l’interdisciplinarité et la combinaison des compétences de chacun. C’est ainsi que les arguments de la médecine palliative pourront être diffusés et ses missions remplies. Et que des gestes médicaux souvent inappropriés pourront être corrigés, voire remplacés par d’autres, pour une meilleure prise en charge des patients.
Riche de l’expérience incomparable de ses auteurs, émaillé de témoignages significatifs concernant des mourants et leurs proches, touchant et digne à la fois, La fin de vie répond avec une grande humanité aux angoisses et aux questionnements des médecins, des étudiants, des soignants, des patients et de leurs proches, et de chacun d’entre nous.
Borasio G.D., Aubry R., La fin de vie, éditions Eyrolles, 2016