Depuis quelques années, des objets volants bien identifiés mais un peu inquiétants apparaissent dans l’azur helvète comme sous d’autres cieux. Civils ou militaires, les drones font désormais partie du paysage mais ne font pas l’unanimité, comme le montre une étude réalisée à l’Institut de géographie de l’université de Neuchâtel.
Vingt mille drones sillonneraient le ciel suisse. Une estimation avancée par les médias, que nul chiffre officiel n’est pour l’instant à même de confirmer. On sait en revanche de source sûre que l’armée suisse en possède quinze pour la surveillance du territoire, et qu’elle devrait prochainement acquérir six nouveaux engins.
Mais que sait et que pense M. Toutlemonde du phénomène « drone » ? L’Institut de géographie de l’université de Neuchâtel vient de réaliser une enquête d’opinion sur le sujet, la première du genre en Suisse et sans doute au-delà. Cette grande enquête représente l’un des volets d’une recherche d’envergure dont l’objectif se situe à mi-chemin entre géographie et sociologie. « Nous voulons connaître la perception des citoyens et repérer les effets de l’utilisation des drones sur la société et sur nos espaces, explique Francisco Klauser, géographe à l’institut neuchâtelois.
Dans un projet dont le financement vient d’être voté par le Fonds national suisse pour trois ans, plusieurs études de cas nous donneront la possibilité d’analyser différents types d’usages de drones civils, et de déterminer comment l’adoption de cette technologie récente s’inscrit dans des milieux différents. »
L’enquête réalisée fin 2015 a été élaborée avec le concours des étudiants de master en géographie. Le questionnaire a enregistré un taux de retour très honorable, permettant de donner une valeur statistique indéniable aux résultats. Six cents réponses sur trois mille questionnaires envoyés ont pu valablement être exploitées.
« Nous avons été surpris du faible taux d’équipement des ménages, raconte Silvana Pedrozo, doctorante en géographie et spécialiste de la question des drones. Seulement douze personnes ont déclaré posséder un drone, qui plus est de technologie un peu ancienne, alors que nous pensions les gens plus équipés, surtout les plus jeunes. »
« En réalité, on s’aperçoit qu’ils sont encore très frileux par rapport aux drones de loisirs, que ces derniers ne sont pas encore banalisés, pas plus qu’ils ne sont vus comme des dispositifs ludiques : 87 % des personnes interrogées les apparentent à des caméras de surveillance mobile », raconte Francisco Klauser, qui estime que dix à vingt ans seront nécessaires pour s’habituer à ces nouveaux joujoux. Ils sont tout autant à souhaiter être informés lorsqu’ils sont observés par des drones. La méfiance se nourrit par ailleurs du contexte de tensions international, les deux tiers des répondants craignant l’utilisation des drones à des fins terroristes. Les accidents liés à l’utilisation des engins commerciaux sont aussi source d’anxiété : ils plongent dans l’inquiétude 57 % des répondants, qui sont 65 % à se déclarer irrités par l’augmentation de leur nombre. Le cadre légal pour réglementer l’usage des drones en Suisse est d’ailleurs jugé insuffisant par plus de la moitié des personnes.
Finalement, seules l’armée et la police recueillent de façon franche la faveur de l’opinion publique, avec 65 % pour les drones militaires et 72 % pour les drones policiers. « On accorde aux seuls acteurs étatiques traditionnels le droit de filmer le territoire, dans un souci de sécurité. Pour les autres, le ressenti est celui d’une atteinte à la vie privée. On laisse le pouvoir à ceux qui exercent déjà cette surveillance dans le cadre légitime de leur travail. »
Contact :
Francisco Klauser / Silvana Pedrozo
Institut de géographie
Université de Neuchâtel
Tél. +41 (0)79 718 80 84 / 387 87 42
Ignorant le danger qui les menace, les faons et autres jeunes animaux sauvages tapis dans les champs sont nombreux à se faire faucher par les moissonneuses à la saison des foins. C’est pour les protéger tout autant que pour éviter d’engranger un fourrage contaminé par de dangereuses bactéries transmises par leur sang que Smartcopter est mis au point. Un drone équipé d’une intelligence qui le rend autonome et parfaitement adapté à sa mission : repérer les animaux et transmettre leur positionnement sous forme de cartes sur un smartphone ou une tablette. Muni de ces informations, l’agriculteur prend alors le relais de la machine, se chargeant d’emmener les animaux vers un abri plus sûr.
Smartcopter est un projet orchestré à la Haute Ecole Arc Ingénierie par Cédric Bilat, spécialiste de développement logiciel et de calcul haute performance. Son équipe d’informaticiens travaille sur le sujet main dans la main avec des experts en environnement comme Claude Fischer. « L’un des grands défis de Smartcopter est de réussir à effectuer des calculs très longs et très compliqués pour que l’intelligence embarquée soit opérationnelle en temps réel. » Une mission confiée à un GPU, qui, avec ses 4 000 cœurs, ajoute à son rôle habituel de carte graphique la capacité d’effectuer les algorithmes requis en un temps record. Pour la sécurité d’abord, puisque le drone doit savoir éviter les arbres, fils électriques et autres obstacles placés sur sa route, qu’il parcourt allègrement à près de 60 km/h. Pour l’efficacité ensuite, notamment au niveau du traitement des images. « Les animaux étant camouflés, le repérage est confié à une caméra thermique pour les localiser grâce à la chaleur qu’ils dégagent, qui est supérieure à celle de l’environnement. » Sauf dans le cas d’un rocher chauffé par le soleil… « Nous travaillons sur l’intégration d’un capteur supplémentaire, qui pourra rendre compte des textures photographiées. » Un autre tour de force du drone est d’utiliser un algorithme de machine learning pour reconnaître de façon autonome les différents animaux durant son vol et s’adapter à toutes sortes de situations grâce à un entrainement préalable intensif au sol. Financé par la Haute Ecole spécialisée de Suisse occidentale (HES-SO), ce projet prévu sur dix-huit mois est soutenu par le canton de Neuchâtel, les fédérations de chasse et les agriculteurs qui mettent à disposition des terrains pour les essais.