Innovant et transdisciplinaire, un master de Sociologie, spécialité criminologie, a ouvert à la rentrée 2008. Cette spécificité nouvelle pour l'université de Franche-Comté fait intervenir un réseau de professionnels concernés par « l'objet » crime et éclaire la réflexion de ses étudiants sur les politiques publiques.
Il n'existait pas, en France, de master de Sociologie spécialisé en criminologie. La discipline est rare en formation première, et plus souvent proposée de façon complémentaire. L'université de Franche-Comté comble cette lacune en confiant à Jean-Michel Bessette, spécialiste de la question (1), la responsabilité de cette formation proposée depuis la rentrée 2008 dans le cadre du master Sciences de l'homme et de la société.
Soucieux de transdisciplinarité, le professeur de Socio-anthropologie a conçu, autour de « l'objet » crime, un cursusfaisant intervenir des enseignants-chercheurs que sont venus rejoindre plusieurs professionnels susceptibles d'éclairer les étudiants sur les questions de normes, de déviance et de criminalité. Et sont finalement impliqués dans ce nouveau master des juristes, des historiens, des médecins-psychiatres, psychologues, sociologues, anthropologues, mais aussi des magistrats, policiers, procureurs, avocats, responsables de l'administration pénitentiaire, travailleurs sociaux, prêtres ou chroniqueurs judiciaires… « On a un éventail d'intervenants de très grande qualité », estime Jean- Michel Bessette. « Des universitaires et environ la moitié de professionnels intéressés par des contacts avec le monde universitaire. C'est un réseau d'enseignants-chercheurs qui travaillent sur la question du crime, un réseau que j'avais envie de cultiver ».
Ancrée dans une démarche socio-anthropologique — elle convoque les disciplines historiques, juridiques, médicales et psychologiques —, cette nouvelle formation se propose d'apporter des outils théoriques et méthodologiques pouvant s'appliquer aux problématiques relatives aux faits de déviance, de délinquance ou de criminalité afin d'acquérir des compétences spécifiques pouvant notamment trouver à s'appliquer dans le cadre des politiques publiques, sociales ou urbaines. L'enjeu ? « Réfléchir avant de parler et de tirer des conclusions », explique Jean-Michel Bessette. « Se donner les moyens d'une réflexion réellement documentée et critique sur la question de la criminologie. Nous ne sommes pas dans une perspective de vouloir remédier au problème, nous visons une capacité réflexive ».
Pour sa première année de fonctionnement, ce diplôme national accueille une petite dizaine d'étudiants de sociologie, psychologie ou d'histoire, ainsi que des personnes du monde du travail — un lieutenant de gendarmerie, un éducateur du milieu pénitentiaire — qui le suivent en formation continue. Ouverte aux titulaires d'une licence en sociologie, l'admission en première année est accessible à d'autres profils sur dossier et après entretien. La spécialité « criminologie » est enseignée de façon plus importante lors du 3e semestre et comprend cinq unités d'enseignements, réparties en 24 heures de cours et 12 de travaux dirigés. Dans une unité d'enseignement transversale, l'étudiant aura le choix entre les humanités, les langues ou les outils informatiques. Les quatre autres unités de la spécialité lui feront aborder les aspects historiques, juridiques, étiologiques et socio-anthropologiques du crime. De quoi poursuivre des travaux de recherche ou mieux cerner les besoins et objectifs des politiques publiques…
(1) Jean-Michel Bessette a publié plusieurs ouvrages relatifs au crime : Sociologie du crime, PUF, 1982 (réédition prévue en 2009) ; Crimes et cultures, L'Harmattan, 1999 ; Sociologie criminelle, in Sociologie contemporaine, dir. Durand, Weil, Vigot, 3e édition 2006.
Contact : Jean-Michel Bessette
Section Sociologie-anthropologie
Université de Franche-Comté
Tél. (0033/0) 3 81 58 36 83
