Université de Franche-Comté

TGV Rhin-Rhône : un observatoire pour mieux saisir les effets territoriaux

La distribution géographique va-t-elle être modifiée par la LGV Rhin-Rhône ? La grande vitesse ferroviaire va-t-elle participer à un changement d’échelle et à l’émergence d’une dynamique métropolitaine ? Et quid de l’immobilier ? L’observatoire des effets territoriaux des gares mis en place par le laboratoire ThéMA — Théoriser et modéliser pour aménager — pour le compte de la Région Franche-Comté, s’applique à comprendre le fonctionnement des espaces desservis pour ajuster horaires et desserte au plus près des besoins.

 

 

Carte de la LGV Rhin-Rhône en Franche-Comté

 

 

Le projet n’a été validé officiellement que début 2009 par la Région Franche-Comté, mais l’équipe de chercheurs de ThéMA avait anticipé et démarré ses travaux dès septembre 2008. La première tranche de la branche est de la ligne à grande vitesse (LGV) Rhin-Rhône devrait être mise en service fin 2011, et il n’y a plus de temps à perdre : il est convenu que les conclusions de l’observatoire des effets territoriaux des gares soient remises aux collectivités avant cette date.

 

« Nous avons une posture méthodologique : les infrastructures de transport induisent des aménagements à moyen terme, mais pas à terme immédiat », explique Pascal Bérion, qui pilote l’équipe de recherche et avait déjà mené un gros travail sur l’impact de l’autoroute A39. « Ce qui change très vite, ce sont les mobilités. S’il n’y a pas de modification, c’est que l’équipement n’est pas utile. Ce sont ces questions-là que l’on veut éprouver avec notre méthodologie ».

 

 

Train ? Voiture ? Bus ? Quel usage est fait du ferroviaire ?

L’observatoire élaboré pour cette étude est organisé autour d’un système territorial à quatre axes : la mobilité, l’intermodalité, les aménagements de gares et la dynamique métropolitaine. « Nous avons proposé ces axes pour comprendre comment l’infrastructure va impacter son environnement, l’espace Rhin-Rhône et les territoires qui l’entourent ».

 

Les travaux avancent conformément au calendrier. Emmenée par Cyprien Richer, post-doctorant formé à Lille et recruté pour ce projet, l’équipe de ThéMA a mené les plus lourds dès la phase 1, celle des « mobilités ». Vers quelles destinations vont les usagers du train ? Comment se déplacent-ils pour venir en gare et repartir ? Y a-t-il un potentiel de report modal sur les grandes villes ? Une première enquête régionale a été bouclée en janvier sur ces questions auxquelles 1 500 personnes ont répondu. « Ce n’est pas représentatif de toute la population mais le panel est suffisamment large pour comprendre quelques pratiques de mobilité », estime Cyprien Richer.

 

Le traitement des réponses est en cours, et s’il est encore tôt pour tirer des enseignements, quelques tendances affleurent. Ainsi, il apparaît assez clairement que Paris exerce une domination sur Strasbourg et Lyon dans les destinations extrarégionales. « On ressent également des choses que l’on n’avait pas perçues, notamment sur la nécessité de compléter le maillage régional », expliquent les chercheurs. « On note aussi une inquiétude sur la réorganisation de l’offre ferroviaire autour de la LGV, ou sur la capacité de la collectivité à s’investir encore dans le réseau local ou régional. L’accès aux gares, également, n’est pas clair pour les personnes interrogées qui semblent estimer que le TGV offre une rapidité qui a un prix : la diminution de l’offre intermédiaire. Mais ce ne sont que des conclusions « à l’état brut », l’étude est encore en cours », précise Pascal Bérion.

 

 

Ne pas négliger l’offre intermédiaire 

Parallèlement à l’analyse des résultats de cette première enquête, une seconde a démarré sur les usages du ferroviaire dans les gares, pour répondre à l’axe 2, celui de l’intermodalité. Les 24 et 26 mars 2009, cinquante enquêteurs ont interrogé environ 3 000 personnes dans les huit principales gares de l’espace Rhin-Rhône (Dijon, Dole, Lons-le-Saunier, Besançon, Vesoul, Montbéliard, Belfort et Mulhouse) pour livrer une photographie des échanges au départ des gares. « Jamais une enquête de cette ampleur n’a été réalisée », assure Pascal Bérion. « Nous voulons mesurer la réalité du réseau métropolitain. […] Ce que l’on perçoit déjà, c’est la diminution des accès au réseau, et donc un travail à faire sur le préacheminement. Comment va-t-on accéder à ces gares périphériques ? »

 

Les questions de TER et de TER-GV (TER à grande vitesse) devraient alors se poser. Tout reste encore à inventer en termes de grande vitesse régionale et en matière de services. Ce dont les collectivités sont bien conscientes, qui attendent beaucoup de ce diagnostic régional. « La structuration du territoire autour de la grande vitesse, c’est un sujet de recherche très fort au niveau européen », confie Cyprien Richer. « On poursuivra les investigations au-delà de l’observatoire ». Mais dans l’immédiat, si la localisation des gares — Meroux – Moval pour l’Aire urbaine et Auxon pour l’agglomération bisontine — est gravée dans le marbre, les résultats de cette première phase pourraient permettre d’ajuster les horaires TGV, encore en négociation, ou ceux des TER ensuite. « On est dans la temporalité de la réflexion. Notre projet va montrer les risques d’une réorganisation ferroviaire ne tenant pas compte de la réorganisation de l’accessibilité. Le propre des grandes infrastructures de transport est d’accentuer les différences, et il est alors nécessaire d’intervenir sur d’autres réseaux, autour d’un élément d’ossature créé. Il faut d’autres ramifications, que doivent organiser les collectivités ».

 

 

 

ThéMA, le territoire et les comportements

 

Laboratoire CNRS commun aux universités de Bourgogne et de Franche-Comté, ThéMA constitue un pôle de recherche sur la thématique « mobilités, villes, transports ». Reconnu pour ses méthodes quantitatives en aménagement urbain, ThéMA a un savoir-faire dans les problématiques de géographie et d’aménagement autour de la modélisation et de la simulation. Mais il se penche désormais davantage sur les processus et s’est clairement orienté vers les études de comportement. « On s’intéresse maintenant aux générateurs de changements : les particuliers, les milieux professionnels, ainsi que toute la sphère du projet politique local qui, lui, a intégré la problématique de l’équipement de transport en question, et a déjà eu à mener un combat de titan pour le faire passer », explique Pascal Bérion. Pour cet observatoire des effets territoriaux des gares de la LGV, Pascal Bérion pilote l’équipe dirigée par Cyprien Richer, post-doctorant, lequel est épaulé par quatre personnes à temps plein (deux à Dijon, deux à Besançon). Auxon et Meroux – Moval seront-elles des gares TGV régionales, à l’échelle de l’aire urbaine ou encore plus locales ? Les trois schémas seront proposés par l’étude, « mais la solution sera sans doute dans la combinaison des différentes échelles », estime Cyprien Richer.

 

 

 

Contact : Pascal BérionCyprien Richer

Laboratoire ThéMA

Université de Franche-Comté

Tél. (0033/0) 3 81 66 54 07

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