Université de Franche-Comté

Tests cliniques en cours pour le dispositif BlooDe

L’hémostase est le phénomène par lequel le système sanguin est capable de stopper un saignement en cas de lésion d’un vaisseau (brèche vasculaire). Plusieurs mécanismes s’enclenchent alors successivement. Avant la phase de coagulation proprement dite, la première étape pour juguler le saignement, l’hémostase primaire, est assurée par l’action des plaquettes sanguines et de nombreux intermédiaires réactionnels, dont le facteur Willebrand. C’est pour mieux comprendre ce fonctionnement, en diagnostiquer un dérèglement éventuel, ajuster un traitement ou encore prédire un risque opératoire hémorragique chez des sujets à risque, que des chercheurs ont mis au point un dispositif s’approchant au plus près des conditions réelles du phénomène d’hémostase primaire. L’appareil s’appelle BlooDe, du nom du projet Interreg qui pendant trois ans a donné aux scientifiques les moyens de le mettre au point. Les compétences de chercheurs des universités de Franche-Comté et de Genève se sont ici conjuguées, en partenariat avec les hôpitaux universitaires de Besançon, de Dijon et de Genève, et l’EFS Bourgogne – Franche-Comté.

Quelques gouttes de sang pour un diagnostic

Wilfrid Boireau est directeur du département MN2S à l’Institut FEMTO-ST et responsable du projet côté France. Il explique le défi que constitue BlooDe : « Il nous fallait recréer un système qui non seulement reproduise le flux sanguin en microcanal, mais aussi imite des brèches dans la paroi des vaisseaux. » Des microcanaux fluidiques, dans lesquels circulent les échantillons de sang grâce à l’actionnement d’air, remplissent ce rôle. Au contact des parois lésées, les plaquettes sanguines entrent en action : il s’agit alors pour le dispositif de détecter précisément où, comment et à quelle vitesse le processus se produit. « L’opération globale, de la prise de sang à l’interprétation des résultats, nécessite moins de 60 minutes. Cela répond bien aux contraintes des équipes médicales, raconte Sylvain Midrouet, ingénieur en génie biomédical, qui précise : Quelques millilitres de sang seulement sont nécessaires pour obtenir les informations voulues. » Les microcanaux sont percés dans des cartouches jetables, qui s’insèrent dans la machine : le sang n’est jamais au contact de l’appareil lui-même. « Le dispositif BlooDe suit les recommandations de l’ISTH (International Society on Thrombosis and Haemostasis) en termes de géométrie et d’écoulement du sang pour la détermination de la fonction hémostase primaire », souligne le Pr Thomas Lecompte, responsable scientifique de ce projet côté Suisse.

La fiabilité du prototype a pu être éprouvée sur plusieurs mois. La preuve de concept a été établie à partir de sang de donneurs sains : l’ajout de molécules inhibant la fonction d’hémostase a permis de vérifier la pertinence du dispositif. Le prototype fait désormais l’objet de campagnes d’expériences sur différents sites, notamment à l’EFS BFC ainsi qu’au CHU de Dijon, dont la Délégation à la recherche clinique et à l’innovation (DRCI) pilote l’étude clinique INDONESIA, qui permet de tester le dispositif sur le sang d’une trentaine de patients. Les résultats seront comparés à ceux des systèmes actuellement utilisés, afin de confirmer la performance de BlooDe pour la fiabilité des mesures et la capacité à discriminer les familles de patients.

La conclusion du programme BlooDe est proche ; les chercheurs espèrent poursuivre l’aventure avec de nouveaux financements, pour continuer à améliorer ce dispositif issu d’une alliance fructueuse entre haute technologie et médecine, et le faire passer à un stade de préindustrialisation.

Pour en savoir plus : Made in Franche-Comté
Crédit photo : © Laura Ilhen
Contact(s) :
Institut FEMTO-ST
UFC / ENSMM / UTBM / CNRS
Département MN2S – Micro nano sciences et systèmes
Wilfrid Boireau
Tél. +33 (0)3 63 08 24 27
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