Université de Franche-Comté

Technologies humanistes

Les sciences humaines et sociales et la technologie ont beaucoup à partager. Et c’est lors du processus de conception technologique qu’elles sont le plus à même de se rencontrer et de se comprendre. Une démarche constructive et une analyse en réflexion.

Traditionnellement investies d’une mission d’observation dès lors qu’on les associe à la technologie, les sciences humaines et sociales (SHS) peuvent et savent faire beaucoup mieux. Elles sont en capacité d’intervenir dans la conception des objets habituellement créés par la technologie, qu’elles enrichissent de leurs savoirs et de leurs pratiques. Ainsi la sociologie, l’ethnologie, la psychologie, l’économie, la philosophie même, la liste n’est pas exhaustive, ont un rôle à jouer dans la conception technologique. Certains en sont convaincus, d’autres sont séduits par cette idée mais ne savent qu’en faire, d’autres encore ne l’imaginent pas viable.

Centre culturel international de Cerisy-la-Salle (50)

Le concept n’en a pas moins été entériné par 70 scientifiques des domaines des SHS comme de la technologie, réunis autour de ce sujet lors d’un colloque Cerisy. Rencontres historiques des SHS comptant 100 ans d’ancienneté, les colloques du Centre culturel international de Cerisy-la-Salle (50) sont incontournables pour les SHS. Philosophe à l’UTBM, Mathieu Triclot était l’un des instigateurs de la session « les SHS en recherche technologique » organisée en juin dernier. « L’interdisciplinarité est difficile à mettre en œuvre dans le discours car les langages et les problèmes sont différents. Elle devient possible et réelle lors du processus de conception, pour lequel il est nécessaire de prendre en compte et d’articuler des contraintes hétérogènes. L’objet nous met d’accord », explique-t-il. C’est en modifiant les pratiques que la technologie et les SHS pourront s’enrichir l’une de l’autre, un credo inscrit dans l’ADN des universités de technologie, remis à l’honneur depuis quelques années, et qui gagne les universités classiques par le biais de recherches / actions de plus en plus nombreuses.

 

La philosophie sur le terrain

Le projet Interreg RESponSE est une parfaite illustration de cet esprit collaboratif. Porté par le Département informatique des systèmes complexes (DISC) de l’Institut FEMTO-ST, RESponSE propose de renforcer la sécurité des sapeurs-pompiers grâce à des moyens technologiques des plus pointus. Un projet high tech dans lequel les SHS ont toute leur place pour mieux cerner l’environnement de travail, les relations humaines et les attentes des acteurs impliqués : l’objectif est de mettre les utilisateurs au centre du processus de conception. « La démarche passe par des entretiens ou des partages de garde à la caserne, et met en œuvre des savoir-faire issus de l’ethnologie ou de la sociologie par exemple. »
Pour sa propre discipline, Mathieu Riclot souligne l’émergence de la philosophie de terrain depuis une quinzaine d’années, notamment sur des problématiques d’ordre médical et éthique. « L’expérience du terrain et de la conception permet de retrouver des questionnements philosophiques fondamentaux et de dégager de nouveaux savoirs. En retour, elle fait appel à des connaissances théoriques en philosophie des techniques, en philosophie des sciences ou en éthique, pour lesquelles elle constitue un vaste champ d’application. »

Contact(s) : DISC - Institut FEMTO-ST UFC / ENSMM / UTBM / CNRS
Mathieu Triclot

Tél. +33 (0)3 81 66 65 15
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