Convaincus de l’intérêt de développer l’outil robotique dans les petites et moyennes entreprises, deux jeunes ingénieurs inventent Wobot, une cellule automatisant certaines tâches de manutention pour les PME spécialisées dans l’usinage. Une innovation technologique récompensée par un prix OSÉO, et le point de départ d’une création d’entreprise.
Pour assurer leurs premiers pas dans le monde du travail, Mathieu Weitz et Pierre Lambert, ingénieurs UTBM issus du département Génie mécanique et conception, ont trouvé un appui sûr dans la logistique de leur établissement.
Salariés du laboratoire IRTES M3M — Mécatronique, méthodes, modèles et métiers —, ils y trouvent un soutien précieux en termes techniques, logistiques et juridiques, tout en bénéficiant de la plus grande autonomie pour développer leur projet avec un budget et des contrats propres. Les jeunes ingénieurs devraient voler de leurs propres ailes dès février, avec la création de leur entreprise d’ores et déjà baptisée LW ROBOTIC, associant leurs patronymes à un domaine qu’ils souhaitent promouvoir auprès des entreprises. « La robotique est très peu développée dans les PME françaises, au contraire de pays voisins comme la Suisse ou l’Allemagne, explique Mathieu Weitz. Pourtant elles auraient beaucoup à y gagner et en premier lieu de la productivité. » Reste que bien peu des systèmes robotiques proposés sur le marché, conçus pour la grande entreprise, sont adaptés aux besoins spécifiques de la petite.
Mathieu Weitz et Pierre Lambert entendent apporter de nouvelles solutions et convaincre de l’intérêt de Wobot, la cellule robotique née de leur savoir-faire et de leur connaissance du terrain. « Nous avons conçu Wobot spécialement pour aider les petites et moyennes entreprises spécialisées dans l’usinage, qui ont une forte représentation dans la région », précise Pierre Lambert.
La cellule robotique Wobot
Wobot se charge de la manipulation des matières premières nécessaires à l’alimentation d’un centre d’usinage. De dimensions modestes, 1,6 m x 1,6 m x 2 m, peu encombrant, il peut cependant stocker jusqu’à une tonne de matériaux dans ses racks. Son bras de préhension et de levage, d’une portée de 3,50 m de diamètre, rend possible l’automatisation vers trois centres d’usinage placés à proximité, simultanément. Et lorsque cela s’avère nécessaire, Wobot peut aussi être déplacé jusqu’à un autre poste de travail.
Flexibilité et simplicité caractérisent la cellule, qui par ailleurs promet un gain de productivité de l’ordre de 30 à 50 %. Totalement autonome, Wobot est prévu pour fonctionner une nuit entière sans interruption. Se substituant à l’intervention humaine dans des tâches peu gratifiantes et répétitives, il représente une alternative pour lutter contre les troubles musculosquelettiques qui affectent la santé des ouvriers comme les budgets. « La mentalité et la culture d’entreprise doivent évoluer. Ce qui freine le plus actuellement, c’est l’interface homme – machine, car les personnels ne sont pas formés. » Mathieu Weitz et Pierre Lambert ont prévu de s’attaquer à cet écueil en proposant le pilotage de la cellule par autoapprentissage.
Côté technique, la conception de Wobot fera l’objet de deux dépôts de brevets, l’un concernant l’architecture du robot, l’autre le stockage automatisé. Preuve supplémentaire de son caractère à la fois pertinent et innovant, Wobot vaut à ses pères un prix OSÉO 2012 dans la catégorie Émergence. Les 35 000 € de subvention accordés seront employés à des fins commerciales : études de marché, élaboration de business plan, dépôts des brevets… La connaissance du terrain est essentielle pour les deux complices, qui développent par l’intermédiaire de la structure intégrée au laboratoire M3M des activités de conseil auprès des entreprises locales. Leur intervention équivaut à celle d’un bureau d’études que les PME ne pourraient s’offrir à demeure. Elle les aide à répondre aux cahiers des charges de leurs clients pour la conception d’outillage. Un exercice préparant efficacement à l’entrée dans le monde économique et permettant d’accumuler des fonds pour se lancer dans l’aventure industrielle avec la fabrication de la cellule Wobot.
