Université de Franche-Comté

Retour éclair à l’optimum climatique

Températures globales Holocène« Depuis un million d’années, le climat de la Terre suit des cycles de 100 000 ans, alternant glaciations et périodes interglaciaires, qui, beaucoup plus clémentes, durent 10 000 à 20 000 ans. Ces phases correspondent aux variations de l’orbite de la Terre autour du Soleil. À l’intérieur de ces grands cycles, on observe des oscillations du climat, dues à des variations de l’intensité du Soleil, que renforcent les altérations de l’activité volcanique et de la circulation océanique.

Notre climat s’inscrit dans une période interglaciaire appelée Holocène, démarrée voilà 11 700 ans. Selon un schéma classique, les températures ont suivi une courbe ascendante jusqu’à atteindre un optimum climatique, aux environs de 5 000 ans avant J.-C. Depuis, la courbe de température suit un refroidissement progressif, ponctuée d’oscillations dont les variations de l’activité solaire… et désormais les activités humaines, sont responsables.

Concentrations gaz carbonique et méthane à l'Anthropocène

ppmv : parties par millions en volume / ppbv : parties par billions en volume. Les concentrations de gaz carbonique et de méthane dans l’atmosphère à l’Anthropocène, comparées à celles des 600 000 années précédentes. Croquis Michel Magny.

Michel Magny replace la situation actuelle à l’échelle de l’Holocène. Loin de noyer le siècle passé et les bouleversements qui l’accompagnent dans 20 000 ans d’histoire, la comparaison ne fait que mettre en valeur l’anomalie qu’elle représente, qui nous ramène presque aux valeurs de température de l’optimum climatique (cf. figure). L’homme est entré dans le circuit climatique, son impact devient plus prégnant que l’influence des planètes…

C’est pourquoi Paul Crutzen, prix Nobel de chimie, a baptisé « Anthropocène » la période que nous vivons depuis 1750, caractérisée par les débuts de la machine à vapeur, l’emballement de la Révolution industrielle au XIXe siècle, et une « grande accélération » depuis les années 1950, correspondant à l’avènement de la société de consommation dans les pays occidentaux, des modèles économiques axés sur la croissance, et l’aspiration de toute la planète à accéder au développement.

« L’Anthropocène, nouvelle ère géologique, est non seulement marqué par l’impact de l’activité humaine sur le climat, avec les gaz à effet de serre pour premier responsable, mais aussi sur l’environnement, le fonctionnement des écosystèmes se voyant perturbé comme jamais », explique Michel Magny.

 

Ötzi, 5300 ans, témoin du réchauffement

Iceman Ötzi

© Paul Hanny – South Tyrol Museum of Archaeology – www.iceman.it

Glacier du Niederjoch, Alpes, frontière italo-autrichienne, environ 3 300 av. J.-C. Ötzi s’écroule sous les flèches des ennemis le poursuivant. Rapidement enseveli sous la neige et la glace, son corps ne sera découvert qu’en 1991 au hasard d’une randonnée, sous forme d’une momie en parfait état de conservation.

Les variations du niveau des lacs du Jura qu’a étudiées Michel Magny, et qui renseignent sur l’histoire du climat en Europe, corroborent l’idée d’un brusque refroidissement du climat ayant pu s’accompagner d’une avancée notable du glacier à cette époque.

Comme elles montrent que depuis, aucune période de réchauffement n’a été comparable à celle que nous connaissons actuellement, postulat scientifique que confirme la découverte de « l’homme des glaces ». Ötzi est la preuve momifiée d’une situation de réchauffement inédite : sa bonne conservation, ainsi que celle de son équipement en matières périssables sont indiscutablement l’œuvre d’un froid suffisant et d’une glace pérenne au cours de ces cinq derniers millénaires. « Ötzi est un symbole et alerte sur l’ampleur du changement climatique et la rapidité du phénomène », prévient Michel Magny.

Contact(s) :
Université de Franche-Comté
Laboratoire Chrono-environnement - UFC / CNRS
Michel Magny
Tél. +33 (0)3 81 66 64 39
michel.magny[at]univ-fcomte.fr
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