De quel pouvoir de délibération disposent les citoyens quant aux décisions prises concernant la culture ou non d’OGM, le développement de l’hydrogène comme vecteur d’énergie, la généralisation d’internet dans les démarches de la vie quotidienne ou encore le choix des techniques de travail ? Visiblement très peu, selon Pierre Lamard et Yves-Claude Lequin, enseignants-chercheurs en histoire à l’UTBM, qui invitent au débat autour de l’idée de « démocratie technique » dans cet ouvrage.
Tout se passe comme si la technique, sous couvert de la science dont elle est le prolongement et qui lui apporte tout crédit, s’imposait d’elle-même, alors qu’elle conditionne les choix de société autant qu’elle influence les vies personnelles. Au même titre que la politique ou l’économie, domaines sur lesquels il est plus admis d’avoir son mot à dire. Où et dans quelle mesure la réflexion citoyenne devrait-elle se situer par rapport à la voix des entreprises et de celle des experts ?
Cet ouvrage ouvre la discussion à partir de l’analyse des mouvements qui, d’obédience sociologique, culturelle ou politique, s’expriment sous des formes très variées pour inciter à considérer davantage la réflexion citoyenne. Le débat se construit selon les angles croisés de différentes disciplines comme l’histoire, la sociologie ou la philosophie, et autour de pédagogues comme de techniciens.
Il ramène à une opposition historique en France entre science et humanités, entre connaissance et technique, des thèmes chers à « l’université de technologie » qui veut au contraire les fédérer dans ses enseignements, et le fait savoir dès l’énoncé de son nom.
Lequin Y.-C., Lamard P. (sous la direction de), Éléments de démocratie technique, Pôle éditorial de l’UTBM, 2015.
