Université de Franche-Comté

Leucémies aiguës en ligne de mire

Au tout début des années 2000, les leucémies dérivées des cellules dendritiques plasmacytoïdes (LpDC) sont identifiées comme un nouveau groupe de leucémies aiguës. Les travaux de Francine Garnache-Ottou, professeur en hématologie, et de son équipe basée à l’Établissement français du sang Bourgogne – Franche-Comté (EFS), apportent peu de temps après de nouveaux éléments de description et de compréhension de la pathologie, à partir d’un cas bisontin pour lequel le phénotype des cellules atteintes par la maladie exprime un antigène inattendu. Après la réalisation de tests fonctionnels, l’identification de pathologies similaires et une publication scientifique dans une revue américaine de haut vol, la définition du nouveau groupe de leucémies aiguës est revue de façon élargie sur la base des résultats bisontins. Un référencement des leucémies pDC s’est depuis constitué en France à partir d’un phénotype incluant l’expression de marqueurs spécifiques validés par cette équipe.

« Cette pathologie rare représente 1% des leucémies aiguës en France, explique Francine Garnache-Ottou. La caractérisation de la maladie et le maillage que nous déployons depuis 2004 sur l’ensemble du territoire pour l’identification des cas sont utiles pour établir un diagnostic fiable et rapide. »

Et pour s’orienter vers un consensus en matière de traitements, car si différentes thérapies se révèlent efficaces à court terme, les rechutes sont à déplorer de façon inexorable. Avec l’idée d’éliminer les cellules cancéreuses de façon radicale, les chercheurs bisontins contactent alors le Pr. Arthur Franckel, qui vient de mettre au point une molécule associant la cytokine IL3, impliquée dans la communication entre les cellules, et une toxine diphtérique modifiée, susceptible d’entraîner la mort cellulaire. En effet les cellules de leucémies pDC expriment très fortement le récepteur à l’IL3.

Ainsi, l’IL3 se fixerait sur les cellules pDC, permettant à la toxine tueuse qu’elle transporte de pénétrer jusqu’en leur cœur. Des tests ont été réalisés entre 2011 et 2014 par Fanny Angelot Delettre et Sabeha Biichle à Besançon, dans un premier temps en culture, puis sur des cellules de patients, et enfin sur des souris malades, démontrant une efficacité sans conteste de la molécule.

Désormais connue sous le nom de SL401 depuis que son développement en a été confié à la société américaine STEMLINE, la molécule de Franckel représente un nouveau traitement très prometteur pour les leucémies pDC, dont la diffusion en Europe, après sa mise au point aux USA, est un projet placé sous la responsabilité d’Éric Deconinck, chef du service d’hématologie clinique du CHRU de Besançon.

L’arrivée espérée de cette biothérapie innovante d’ici quelques années ne fait pas fléchir la motivation des chercheurs pour faire fructifier les acquis de dix ans de données cliniques, et pour explorer d’autres pistes, notamment le développement de lymphocytes T armés d’un CAR (Chimeric Antigen Receptor). Ces lymphocytes sont génétiquement modifiés pour exprimer un anticorps capable de détruire les cellules porteuses de l’antigène correspondant, responsables de la prolifération d’une tumeur cancéreuse. Des résultats majeurs et des avancées rapides font des lymphocytes T un centre d’intérêt particulier de la communauté scientifique ces dernières années. La mise au point très récente de CAR est un élargissement prometteur de leur spectre d’action.

Contact : Francine Garnache-Ottou

Laboratoire Interaction Hôte-greffon-tumeur et ingénierie cellulaire et génique
EFS Bourgogne – Franche-Comté / UFC / INSERM

Tél. (0033) 3 81 61 56 15

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