Université de Franche-Comté

Les Mooc’s, entre savoir et marketing

Faire cours à 50 000 personnes à la fois ? C’est ce que promettent les Mooc’s, ou Massive online open courses, dont la traduction française Cours en ligne ouverts aux masses n’est guère plus élégante mais a le mérite d’être aussi explicite. Les Mooc’s ont le vent en poupe aux USA et débarquent en Europe où ils se développent depuis 2012. En Suisse et parmi d’autres, l’EPFL en comptera bientôt 21, et l’université de Neuchâtel va se lancer ; en France, la plateforme FUN, France université numérique, souhaite centraliser l’offre nationale.

Les Mooc’s suscitent de nombreux avis et interrogations, évoqués lors d’un débat aussi courtois que passionnant organisé à l’UniNE en septembre dernier. Un café scientifique pour la première fois et très symboliquement accessible en direct sur le net, grâce aux moyens techniques mis en œuvre par la Communauté du Savoir.

Encore balbutiants, sans modèle économique bien défini, il semblerait que les Mooc’s oscillent entre transmission du savoir et opération marketing. Outil d’information complémentaire comme peut l’être la lecture d’un livre, ou support de cours à part entière comme sur le continent africain où l’Université virtuelle d’Afrique se substitue à des universités classiques qui ne peuvent voir le jour faute de moyens : si les objectifs et conditions d’utilisation peuvent passer du luxe à la nécessité, les Mooc’s interpellent dans tous les cas de figure sur le risque de standardisation du savoir, la difficulté à établir des priorités dans le choix des cours et des enseignants, le déclin possible des sites universitaires où se produit l’expérience humaine et sociale, au profit de campus virtuels. Ils questionnent tout autant et de manière positive sur leur intérêt en termes de visibilité et d’attractivité pour une université ou une formation, sur un meilleur accès au savoir ou encore sur le renouvellement de pratiques pédagogiques parfois usées.

Pour ou contre, les arguments se heurtent à la question financière, rappelant que les Mooc’s sont aussi un produit. Créer des Mooc’s coûte cher, très cher, deux à trois fois plus qu’un cours classique, d’après les estimations. Dès lors, leur gratuité se présente comme le problème le plus épineux à résoudre, à la fois pour le fournisseur et l’utilisateur. La solution la plus avancée actuellement réside dans la gratuité des cours mais le paiement de la certification validant le cursus. Ou encore l’intégration d’écrans publicitaires. De là à verser dans la crainte d’une dérive commerciale, il n’y a qu’un pas que certains espèrent ne pas avoir à franchir, l’université par essence et par conviction se montrant capable de s’ériger en rempart contre la marchandisation du savoir qu’elle a la responsabilité de transmettre.

L’enregistrement du débat est disponible dans son intégralité sur le site de l’UniNE à partir de l’agenda, onglet Cafés scientifiques.

Contact : Pascal Felber 

Institut d’informatique 

Université de Neuchâtel 

Tél. (0041/0) 32 718 27 09 

 

 

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