Université de Franche-Comté

Les fragments de l’histoire du verre s’assemblent peu à peu

Si en Europe occidentale on ne commence à produire ce matériau qu’au VIIIe siècle, en Mésopotamie on maîtrise la fabrication du verre dès le troisième millénaire avant J.-C.

Les verres au natron d’Égypte et de la côte syro-palestinienne sont réputés pour leur grande pureté et leur résistance. Le mélange de sable et de ce minéral sodique est mis en fusion puis débité en lingots exportés vers l’Europe, où ils sont refondus pour être travaillés par les artisans verriers. C’est au haut Moyen Âge que s’opère le grand bouleversement de l’industrie du verre. Ressources insuffisantes en natron ? Crises politiques décourageant les échanges ? Si les explications sont hypothétiques, il est certain que les VIIe et VIIIe siècles voient s’intensifier le recyclage, une pratique courante depuis l’Antiquité, et que la fabrication des premiers verres aux cendres végétales est attestée en Europe peu après cette période.

Elément de vitrail du XIe siècle

Elément de vitrail découvert à Nice, XIe siècle. Photo Inès Pactat, MSHE

Cette mutation importante de la production d’un matériau qui ne l’est pas moins reste en réalité peu connue. Elle constitue un axe majeur des recherches menées par Inès Pactat, doctorante en archéologie à la MSHE C. N. Ledoux. « L’archéologie du verre ne se développe que depuis une trentaine d’années en France, et le Moyen Âge reste peu étudié malgré son intérêt. » Le travail de la jeune archéologue montre comment les artisans ont amélioré leurs techniques, faisant par exemple passer la température de fusion de la silice de 1 700 à 1 100 °C en ajoutant de la potasse à leur recette, qu’ils utilisaient des oxydes métalliques ou jouaient sur la cuisson du verre pour le colorer, ou encore comment l’accès à l’autonomie des verriers en Europe a conditionné et modifié l’organisation de tout un pan de l’artisanat.

« Pendant l’Antiquité, quand le verre n’est que refondu, pour en tirer de la vaisselle, des vitrages ou des perles, l’artisan se rapproche du consommateur et installe son échoppe en ville ; quand il s’agit d’en assurer la fabrication, le verrier se rapproche des matières premières et se fixe en général à proximité d’une forêt. »

Étude de la composition des verres, des objets manufacturés, des déchets de fabrication, et au-delà du contexte historique, des échanges commerciaux et des relations politiques… La quête d’Inès Pactat s’étend de l’Orient à l’Occident et du VIIIe au XIe siècle, sur les traces d’une activité et d’un matériau des plus passionnants.

Lingot de verre datant du Moyen Age

Lingot de verre brut découvert à Jumièges (76), VIIe-IXe siècles. Photo Inès Pactat, MSHE

Rendez-vous autour du verre

Le colloque Le verre du VIIIe au XVIe siècle en Europe occidentale mettra en lumière les recherches sur une période un peu oubliée de l’histoire de ce matériau, après un bref engouement dans les années 1980-1990. Organisé du 5 au 7 décembre 2016 à Besançon, il est le 8e colloque international proposé par l’AFAV, l’Association française de l’archéologie du verre, réunissant archéologues, historiens, archéomètres, restaurateurs, conservateurs et verriers, et qui a largement contribué à l’essor des recherches et à leur mise en commun.

La manifestation est organisée en collaboration avec la MSHE C. N. Ledoux, la direction du patrimoine historique de Besançon et le laboratoire Chrono-environnement.

Pour tout renseignement :

afav2016@mshe.univ-fcomte.fr

www-old.univ-fcomte.fr/afav2016

 

 

 

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